Avoir été victime de violences sexuelles laisse des blessures et des souffrances. Mener un chemin thérapeutique est alors indispensable pour remettre à l’endroit ce qui a été subi et montrer que seul l’agresseur est responsable de ce que la victime a subi.
Ce chemin est nécessaire à tout âge afin que la victime ne porte plus en elle de culpabilité mais aussi pour qu’elle puisse, à sa façon, refleurir et s’épanouir à la vie.
Avoir été victime de violences sexuelles étant enfant tout comme à l’âge adulte crée nécessairement un avant et un après. Et, il est important de savoir que cet après, non pas peut être fait de bonheur et mais sera fait de bonheur et de joie si l’enfant est accompagné.e dans son chemin thérapeutique en bienveillance et par des professionnel.les formé.es aux soins psycho-traumatiques.
En quoi consistera ce chemin ?
D’abord, il ouvrira la porte de la compréhension sur ce qui est arrivé à l’enfant.
De quoi ai-je été victime ? Comment ça s’appelle en droit ? Que dit la loi à ce propos ? Pourquoi parle-t-on d’agresseur ? Ai-je été victime d’inceste ?
Ensuite, il donnera des pistes pour comprendre les réactions normales que la tête, l’esprit et le corps de l’enfant génèrent pour survivre à ce qu’il a subi.
Qu’est-ce que le syndrome de stress post-traumatique ? Pourquoi me suis-je mis.e en danger ? Pourquoi avais-je envie de mourir ? Pourquoi ai-je oublié une partie de ce que j’ai subi ? Pourquoi ai-je eu l’impression que je me suis détaché.e de mon corps quand je subissais les violences sexuelles ?
Enfin, il montrera la voie, pas à pas, permettant de se re-saisir de l’instant et du moment présent pour re-créer le bonheur de vivre.
Etre dans le présent, c’est ressentir que là, à cet instant où je te parle, tu es en sécurité, tu es protégé.e, tu n’es pas seul.e, que ton corps t’appartient, que tu entends, sens, ressens, comprends, me parles, as peut-être chaud ou froid, que tu existes, que tu es important.e.
Très souvent, ces trois étapes du chemin thérapeutique ne sont pas vécues comme des instants de bonheur pour les victimes et cela d’autant si elles entament un chemin thérapeutique assez éloigné du moment où elles ont subi les violences sexuelles et qu’elles ne sont pas soutenues par leur entourage. Car, alors, les victimes pourront se sentir très seul.es et qu’il leur faudra faire appel à la mémoire, celle-là même qui a été traumatisée. Alors, les traumatismes des violences sexuelles remonteront à la surface et il faudra beaucoup de courage pour comprendre, affronter ses peurs, ses angoisses et peindre le nouveau chemin de sa vie.
Parfois même, certaines victimes se sentiront découragées. Elles croiront qu’il n’y a pas de porte de sortie à cette souffrance intérieure que personne ne semble comprendre. Elles croiront ne pas avancer. Elles croiront être bloquées à une étape. Elles penseront ne jamais pouvoir y arriver.
Mais avoir mis un pied sur le chemin thérapeutique, c’est déjà s’être donné.e une chance. Une vraie chance. Celle de se dire à soi : je suis là, je te vois, je te regarde, oui, j’ai mal. Cette mise en conscience à soi n’est pas l’espoir, c’est le premier pas vers sa vie refleurie.
Au point de départ, toutes les victimes se sentent comme dans une spirale mais une spirale fermée. Elles croient que les blessures causées par les violences sexuelles feront toujours mal, que les souffrances seront toujours là, que les cauchemars jamais ne cesseront, qu’elles ne pourront plus jamais avoir confiance, se sentir en sécurité et se réapproprier leur corps. Mais, ceci sont des croyances.
En réalité, dans toute spirale, il y a une ouverture. Et, c’est cela qu’il faut voir. D’abord, on ne fait que penser aux violences sexuelles qu’on a subi puis on avance sur le chemin thérapeutique. Des fois, on fait des pas dans la boue. Un autre jour, c’est dans une flaque d’eau avec des bottes. Un autre encore, on est pieds nus dans l’herbe. Et, puis, il y a ce jour où on a les pieds dans le sable, dans l’eau chaude et même il y a ce jour où dans nos pantoufles toutes douces, on se sent tout simplement bien. Enfin, il y aura ce jour où l’on pourra relire son journal intime sans que les souffrances ne nous fassent plus souffrir parce qu’elles se seront inscrites dans notre histoire personnelle, qu’elles feront partie de notre passé et ne seront que des mots dans notre biographie.
Pour faire chaque pas, il faut du temps.
Se donner du temps fait aussi partie du chemin. Il n’est pas possible de tout apaiser en un jour, mais parfois, un jour, une phrase, peuvent tout changer et nous faire avancer d’un coup. Et, c’est en regardant le chemin parcouru que l’on pourra se dire, que oui, on avance. Oui, on n’en est pas au même point qu’au début.
Le chemin thérapeutique est long, il prend du temps ; c’est parce qu’une graine pousse doucement et que pour affronter l’hiver, le froid et le gel, il faut qu’elle soit bien enracinée. Car, alors, aux printemps suivants et tous les étés, elle fleurira.
Aller plus loin :
- Les thérapies traitant les psycho-traumatismes sont celles qui ont prouvé leur efficacité pour redonner aux victimes toutes leurs capacités à refleurir.e
- Je recommande vivement la lecture de l’ouvrage Traiter les psychotraumatismes de Gérard Lopez tout particulièrement pour identifier les différents types de thérapie qu’il est possible de suivre lorsque l’on a été victime de violences sexuelles. Ce livre est à destination des professionnels mais les accompagnants peuvent y trouver des réponses.
- Lire l’article du Dr Muriel Salmona, Mémoire traumatique et conduites dissociantes
- Le site Mémoire traumatique et victimologie
- Le site de l’Institut de victimologie de Paris
Une réflexion au sujet de « Le chemin thérapeutique après les violences sexuelles »