Ce lundi 16 janvier, Andréa Bescond, auteure et interprète de la pièce de théâtre Les Chatouilles ou la danse de la colère a lancé un appel sur les réseaux sociaux.
Les Chatouilles, c’est l’histoire d’Odette, 8 ans.
Odette aime rire et dessiner. Elle fait confiance aux adultes. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents ? Pourquoi refuserait-elle de jouer aux « Chatouilles »?
Odette ne parle pas, elle ne croit pas qu’elle pourrait être crue.
Pour qu’on la comprenne, elle danse.
Face aux autres enfants, à ses parents, aux flics, face à la justice, face au déni, elle danse. Le désir de vivre entraînera Odette dans un jusqu’au-boutisme outrancier, rock’n roll, drôle qui l’amènera progressivement à la résilience.
Etre victime de violences sexuelles, de viols, de l’âge de 8 ans à l’âge de 12 ans est très douloureux. Réussir à grandir malgré tout, réussir à surmonter les souffrances que de tels actes ont laissé est un chemin.
Dans la vie réelle comme dans l’histoire d’Odette, ce chemin de reconstruction de soi est long. Et, il passe aussi par la justice, par le droit à un juge, par le droit à ce que les violences sexuelles que les agresseurs ont fait subir aux enfants soient sanctionnées.
Mais, pour cela, il faut du temps.
D’abord, il faut le temps de comprendre ce que l’on a vécu. Ensuite, il faut le temps de mettre en mots ce dont on été victime. Enfin, il faut le temps de l’action en justice.
Cela met parfois 3 ans, parfois 10 ans, parfois 20 ans, parfois 30 ans et parfois même plus pour dire en mots le pire qu’on nous a fait subir et sentir en nous ne serait-ce qu’un brin de soulagement.
Du coup, il nous faut aussi une justice adaptée, empathique, écoutante. Il nous faut une justice qui comprenne que le temps est pour nous un ami, un indispensable. La justice doit comprendre que du temps est nécessaire pour que progressivement nos mots, nos paroles se libèrent et cela, sans contrainte et sans honte.
Aussi, pour nous aider, le code pénal doit porter cette inscription. Le code pénal doit contenir en ses dispositions un article qui précise que du temps est donné à toute victime. Dans le jargon juridique, on appelle cela un délai de prescription.
Or, c’est en ce moment ce dont débattent les parlementaires. Ils s’interrogent sur la possibilité de rallonger les délais de prescription, de donner plus de temps aux victimes de violences sexuelles, qu’elles aient été victimes enfant ou à l’âge adulte.
Faut-il allonger ou non les délais de prescription en matière pénale ? Un enfant pourrait-il, aura-t-il la possibilité de porter plainte jusqu’à la veille de ses 48 ans afin de dénoncer les violences sexuelles dont il.elle a été victime ?
Notre droit français devrait-il conforter la capacité de toute personne devenue majeure, au moment où elle s’en sent le courage, au moment où elle a repris des forces, de pouvoir soutenir le regard de son agresseur au sein d’une cour d’assises ?
Pour accompagner la modernisation nécessaire de notre droit français et faire que les délais de prescriptions en matière de violences sexuelles commises à l’encontre des enfants contribuent à ce que ces enfants victimes refleurissent et se sentent – enfin – protéger, Andréa Bescond nous invite à nous mobiliser.
Une photo / Un message : violences sexuelles = 1 enfant sur 5 Stop Prescription
Voici ce qu’Andréa nous invite à faire et à diffuser aussi largement que possible… mais pas que…
L’objectif est aussi d’envoyer directement au Président du Sénat g.larcher@senat.fr ou sur le mail stopprescription@gmail.com votre photo afin que le Sénat qui doit en dernière lecture adopter la proposition de loi qui révise les délais de prescription se mobilise enfin pour protéger l’ensemble des enfants contre les violences sexuelles.
Petit à petit, plusieurs personnalités connues et inconnues ont ainsi répondu à son appel. A nous de faire de même !
*En France, 1 enfant sur 5 est victime de violences sexuelles – ce chiffre officiel est celui donné par le Conseil de l’Europe dont l’Etat français est membre.
Aller plus loin :
- L’article publié sur Libération Prescription pénale, une réforme consensuelle à l’Assemblée qui explique brièvement la proposition de loi et les arguments matériels des juristes contre cette proposition de loi
- L’article publié sur le blog La génération qui parle Stop prescription – militer en photo ! qui explique la mobilisation créée par Andréa Bescond
- La page facebook d’Andréa Bescond
- Le dossier législatif publié sur le site de l’Assemblée nationale relatif à la proposition de loi portant réforme de la prescription en matière pénale