Réfléchir ensemble

Fratries et violences sexuelles : comment prévenir ?

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Les violences sexuelles au sein des fratries sont une réalité qui traumatise des vies et cela dès le plus jeune âge. Les prévenir est donc primordial et le rôle à jouer des parents est fondamental.

Comment prévenir les violences sexuelles au sein des fratries ? Comment oser parler des violences sexuelles à vos enfants ? Comment parler du corps ? Tout se joue ou presque dans la posture qu’adopte le parent.

Le parent, parce qu’il est conscient de la réalité des violences sexuelles et du fait qu’elles peuvent se produire sous son toit, à n’importe quel instant, au moment d’un jeu ou dans tout autre contexte, dans les chambres des enfants, au moment du bain qu’ils partagent, doit devenir un parent prévenant.

Comment ?

  • de la conscience aux mots

Etre conscient est une chose, se saisir de cette réalité et prévenir les interactions violentes entre ses enfants en est une autre. Une première étape dans ce processus d’amorce vers la prévention est de rappeler à ses enfants que leurs ressentis sont importants et qu’ils passent aussi par leur corps. Leur corps leur parle. Leur corps a une valeur, il est important, il faut en prendre soin. Et, tout particulièrement, au sein de leur corps, il y a ce que l’on peut nommer les parties intimes. En disant à votre enfant, qu’il possède des parties intimes, vous le mettez lui même en conscience de l’importance de ces parties de son corps. Dans ces parties intimes, il y a la bouche, les seins, le pénis, les testicules, la vulve, le vagin, l’anus et les fesses. Ces parties sont intimes car personne n’a le droit d’y toucher, y compris vous en tant que parent.

  • des mots aux questions

Si vos enfants sont tout petits, la progressivité avec laquelle vous leur apprendrez à nommer leur parties intimes,  à leur dire que leur corps leur appartient, qu’il n’appartient qu’à eux, qu’il est important, à adopter vous même une posture de parent prévenant en étant conscient de vos gestes et en leur expliquant que vous allez toucher une partie de son corps pour le nettoyer par exemple ou encore en lui demandant avant de le toucher, toutes ces attitudes et ces mots vont leur permettre d’intégrer progressivement votre message de prévention et de le faire sien.

Si, par contre, jusqu’à présent, vous ne parveniez pas à faire de la prévention mais qu’à présent vous avez décidé de vous lancer en osant parler du corps de votre enfant à votre enfant, il se peut que vous vous retrouviez face à quelques questions : c’est quoi un pénis ? c’est quoi des testicules ? c’est quoi un vagin ? une vulve ? un anus ? Il sera alors important d’expliquer que dans le langage courant, il y a des mots pour désigner les parties intimes de l’homme et de la femme et que vous, à la maison, vous utilisiez parfois des petits noms. Vous pouvez demander à votre enfant s’il connait l’expression « partie intime ». Peut-être en a-t-il déjà entendu parler en sport. Très souvent, il sera question des « parties ». Vous pourrez alors faire le lien avec ce qu’on lui a déjà dit. Ensuite, quand vous lui aurez expliqué brièvement, « tu sais, tes parties intimes, ne sont qu’à toi, personne n’a le droit d’y toucher, et si quelqu’un y touche, il faudra venir m’en parler », votre enfant pourra vous dire mais « et si je le dis pas, il se passe quoi ? » et « si j’en ai envie? » et « et pourquoi je dois en parler ? ». Alors avec vos mots à vous, en bienveillance et en vous rappelant qu’oser parler des violences sexuelles, c’est protéger votre enfant, vous pourrez lui expliquer que tous les adultes savent qu’ils n’ont pas le droit de toucher les parties intimes des enfants, que c’est dans la loi, que c’est interdit, de même les plus grands que toi non plus n’ont pas le droit toucher tes parties intimes, tu n’as pas non plus le droit de toucher les parties intimes de ton frère ou de ta soeur.

  • des questions au respect de ses soeurs et frères

Que ce soit au détour de questions ou lors d’un moment de partage au sein de la fratrie, il conviendra de leur transmettre le deuxième message de prévention : je respecte le corps de mon frère, de ma soeur, je respecte les parties intimes de ma soeur, de mon frère ; je ne touche pas les parties intimes de ma soeur ou de mon frère. Ce message qu’il soit diffusé individuellement ou collectivement doit être largement entendu et répété. De même, il est important à plusieurs reprises d’en parler tous ensemble.

Très naturellement, les enfants savent que « l’on ne se marie pas avec son frère ou sa soeur ». Mais la verbalisation de ce message de prévention leur permet d’aller plus loin encore s’agissant de leur posture dans la fratrie.

Se respecter, respecter, c’est être en confiance. Aussi, ce message devra être rappelé chaque fois que nécessaire afin de prévenir les violences sexuelles au sein de la fratrie mais aussi de renforcer le lien de confiance entre frère et soeur. Ce message expliqué et transmis clairement à vos enfants leur permettra aussi de se soutenir mutuellement face à toute situation de violences que vos enfants pourraient rencontrer à l’extérieur de la maison, lors d’activités de loisirs ou sportives mais aussi au sein de leurs relations amoureuses. Ils oseront en parler ensemble et vous dire ce qu’ils vivent.

Si vous pensez que vous n’avez pas été clair ou que vos propos vous semblent confus, vous pouvez utiliser l’outil des « mauvais toucher ». Il y a les bons touchers, ceux qui sont agréables et qui disent oui à l’intérieur et il y a les mauvais touchers, ceux qui sont désagréables et qui disent non à l’intérieur. Vous pouvez jouer avec vos enfants à imaginer les bons touchers et les mauvais touchers, et dans les mauvais touchers, il y a ceux qui sont interdits et pour lesquels il faut prévenir une personne de confiance.

  • rester vigilant

Au delà de la transmission des messages de prévention, votre posture de parent prévenant devra vous inciter à rester vigilant et donc à interroger les ressentis de vos enfants et à les questionner. Comment te sens-tu ? Que s’est-il passé quand tu as joué avec ton frère ? Vous voulez dormir ensemble, vous m’en parlez avant…etc. L’arrivée d’une petite soeur dont il faut s’occuper, avec qui il faut partager sa chambre, la séparation des parents et la reconstruction d’une famille avec un demi-frère, une demi-soeur, un déménagement, un grand-frère qui entre dans l’âge de la puberté sont autant de situations dans lesquelles les parents ont ce rôle à jouer d’accompagnant prévenant et de garant du respect de chacun.

Un outil peut aussi vous permettre de faciliter l’expression des ressentis désagréables de votre enfant : le jeu des bons et mauvais secrets. Lorsqu’un enfant est victime de violences sexuelles y compris de la part de son frère ou de sa soeur, il se peut qu’il ait subi des pressions afin que jamais vous ne soyez mis.e au courant de ce qu’il a vécu de la part de son frère ou de sa soeur. Le jeu des bons et mauvais secrets consistent à expliquer à votre enfant qu’un bon secret est un secret qui fait chaud au coeur, qui fait oui à l’intérieur, tandis qu’un mauvais secret est un secret qui fait mal et qui fait non à l’intérieur. Et, que les mauvais secrets doivent être dits et surtout pas garder à l’intérieur. Vous pouvez avec vos enfants imaginer ce qu’est un bon ou un mauvais secrets.

Les deux brochures de Dominique de Saint Mars peuvent être aussi de bons outils dont vous pouvez vous saisir pour faire passer à votre enfant le « permis de prudence » en matière de violences sexuelles.

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  • lire ensemble des ouvrages sur la sexualité

Pour conforter votre intention et vos actions de prévention, vous pouvez aussi les matérialiser par la lecture commune d’ouvrages relatifs à la sexualité et adaptés à l’âge de vos enfants. En voici une sélection très adaptée :

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Dans tous les cas, gardez bien à l’esprit que, parler des violences sexuelles entre frère et soeur, oser dire que l’on ne doit pas toucher les parties intimes de son frère ou de sa soeur, c’est protéger vos enfants.

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