Il était une fois un petit garçon dont le père était souvent absent et la mère très occupée. Un jour, son oncle passa le chercher pour une partie de pêche. Ce jour là, l’enfant subit des violences sexuelles. Il mit tout ça de côté, grandit, se maria et donna naissance à trois fils et une fille. Il eut bien du mal à s’en occuper et sa femme qui avait été peu aimée dans son enfance, frappait, brusquait les petits, négligeant de les laver ou au contraire les savonnait avec une telle force qu’elle attentait à leurs corps et à leurs parties intimes. La petite fille en gardait un très mauvais souvenir. Mais, elle grandit, se maria et eut elle-même des enfants, une fille et deux garçons. Elle faisait toute confiance à son mari qui était aimant et s’avérait pour elle un très bon père. Elle le laissait donc prendre soin de sa fille car chaque fois que c’était elle qui devait le faire, les images de son enfance revenaient et elle devenait si mal que personne ne la reconnaissait. La petite grandit donc auprès de cette mère peu amicale et distante et d’un père qui malgré son image bienveillante lui imposait de temps en temps des fellations, sans qu’elle ne comprit jamais qu’il n’avait pas le droit de lui imposer de telles violences sexuelles. La petite grandit et sa famille aussi. C’est ainsi qu’elle se retrouvait souvent, étant adolescente, à jouer avec ses cousins, plus petits qu’elle. Elle avait avec eux des attitudes sexualisées et leur faisait de temps en temps des fellations ; surtout à l’aîné des deux car le plus jeune des frères était trop petit, disait-elle. Les deux cousins étaient élevés par un père, frère de la mère de l’adolescente, qui n’avait jamais rien à reprocher à ses fils et une mère qui ne parvenait pas à leur transmettre de l’affection tellement elle en avait peu reçu dans sa vie d’enfant. Cette mère avait elle même un frère qui s’était marié et avait donné naissance à trois filles. L’ainée et la cadette étaient encore plus jeunes que leurs deux cousins. Les enfants jouaient ensemble tous les dimanches après le repas dominical et aussi pendant les vacances scolaires. De temps à autre, l’ainée subissait des viols par ses cousins, tandis que sa petite soeur en était témoin et subissaient elle-même des attouchements. On incitait toujours les enfants à jouer ensemble, à aller jouer. La mère des deux petites avait elle même subi une agression sexuelle de la part de son cousin mais n’en avait parlé à personne. La mère de la mère des deux petites avait été violée par son père alors qu’elle était enfant. Et, la mère de la mère de la mère des deux petites avait subi les assauts sexuels brutaux de son mari devant ses enfants. L’histoire raconte que ce fut cette aînée de famille qui parla de ce qu’elle avait subi. Elle en parla enfant à ses parents qui n’avaient alors rien entendu, ni compris. Puis, elle en reparla adulte et cette fois, tout le monde entendit. La prise de parole de l’aînée déclencha la prise de parole de sa soeur, mais aussi de sa grand-mère et de sa mère, mais aussi de ses cousins. Les mots délivrèrent les maux.
Cette petit histoire est celle de celles et ceux qui d’abord victimes deviennent auteur.es du fait de l’absence de protection, du fait de l’absence de mot de prévention dans l’enfance, du fait de l’absence de mots posés sur l’interdit des violences sexuelles et du fait qu’aucune personne n’a demandé : as-tu été victime de violences sexuelles ? Quelqu’un a-t-il touché tes parties intimes ?
Etre victime de violences sexuelles étant enfant et resté sans protection ni soin, c’est aussi, parfois, devenir auteur.e de violences sexuelles dans l’enfance et/ou à l’âge adulte. C’est alors reproduire les violences sexuelles subies.
L’association Une Vie a décidé de lever une part du voile de la pédophilie en créant un espace de prévention à destination des pédophiles, des auteur.es de violences sexuelles.
Elle a ainsi lancé un site internet, de dimension internationale : pedo.help.
Un onglet « trouver de l’aide » permet aux personnes susceptibles de devenir pédophile ou à des personnes ayant déjà agressé sexuellement des enfants, de trouver de l’aide : des structures pour être accompagnées, des coordonnées de thérapeutes formés pour accéder à des soins.
En France, trois structures sont citées par le site Pedo-Help :
- Réseau Écoute Orientation
- Association L’Ange Bleu
- Centre médico-psychologique (CMP) de la Garenne-Colombe
Le Réseau Ecoute Orientation a été créé par la Fédération française des CRIAVS, Centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles. « Suite aux constats de difficultés récurrentes d’accès aux soins de personnes présentant des troubles paraphiliques ou des comportements sexuels transgressifs, la Fédération Française des CRIAVS propose un dispositif d’écoute et d’orientation sur une grande partie du territoire. » En voici le maillage :
L’Association L’Ange Bleu a été créé par Latifa Bennari. Elle nous explique : « moi-même victime d’un pédosexuel dès l’âge de six ans jusqu’à quatorze ans, j’ai souhaité comprendre ce phénomène dès mon adolescence dans le but de pouvoir un jour protéger les enfants et leur apporter le soutien que j’aurais souhaité recevoir à leur âge. Devenue depuis lors militante sur le terrain pendant trente ans déjà avant la création de mon association « L’Ange bleu » en 1998, j’ai pu constater lors de mes investigations que la pédophilie est un thème difficile à aborder, complexe, ambigu et sujet à polémique. Les définitions de la pédophilie sont en effet multiples et regroupent parfois des notions différentes, source de nombreux amalgames dans les discours officiels. » L’association met à disposition des pédophiles une liste de thérapeutes qui peuvent les accompagner et les soigner.
L’objectif de l’association Une vie est ainsi de permettre de mieux comprendre ce qu’est la pédophilie et d’oser la prévenir auprès de ceux qui pourraient passer à l’acte.
« Vous vous sentez attiré par les enfants, et vous avez peur de passer à l’acte ?Vos fantasmes vous rendent malheureux ? Vous ne savez pas trop où vous en êtes ? Vous avez parfois envie de vous masturber en regardant des images d’enfants ? Avant de commettre l’irréparable ou de vous enfermer dans la honte, prenez le temps de lire cette page. »
L’association propose aux personnes pédophiles de prendre un engagement : « Soyez plus fort que vos pulsions. Prenez dès aujourd’hui l’engagement de ne jamais abuser d’aucun enfant » en signant une charte.
L’association vise également à une prise de conscience s’agissant des adolescents qui agressent sexuellement d’autres enfants. 1 agresseur sur 4 est un mineur. Pour cela, elle invite notamment à comprendre les effets dévastateurs de la pornographie et de son accès facilité aux adolescents.
Enfin, l’association a produit un documentaire éclairant dans lequel nombre de spécialistes ont été interviewés pour transmettre leur savoir et permettre de mieux comprendre la pédophilie afin de mieux protéger les enfants :