C’est la rentrée ! Et, avec elle, tout un tas de questions qui tournent en boucle dans la tête des parents. Penser à ceci, à cela. Et parfois au pire aussi.
C’est ainsi que dans certains contextes ou parce qu’une occasion se présente, les parents disent à leurs enfants que personne n’a le droit de toucher leur corps et surtout par leurs parties intimes.
« Personne n’a à te toucher le zizi, t’as compris ? Personne ne doit toucher ta minette, est-ce que tu comprends ? »
Sauf que, dit comme ça, juste une fois de temps à autre, ou exceptionnellement cette fois là, n’est non seulement pas suffisant pour permettre à votre enfant d’intégrer cette information mais, surtout, de lui permettre de venir vous dire, à vous parent, le jour où il sera victime, que quelqu’un lui a touché les parties intimes.
L’un des principaux enjeux en matière de prévention des violences sexuelles commises envers les enfants est de transmettre à son enfant de l’estime pour son propre corps.
Oui, mais alors comment ?
D’abord en étant exemplaire dans nos gestes vis à vis de notre propre corps. Un enfant se construit à l’exemple de ses parents. Si vous prenez soin de vous, êtes doux avec vous même, faites attention à votre corps, en prenez soin. Votre enfant le fera également.
Ensuite en prenant soin du corps de votre enfant, en lui apprenant à en prendre soin. Votre enfant doit apprendre à se laver seul et à s’habiller seul. Et, tous lors de tous ces gestes avec de la douceur et de la bienveillance car il sait que son corps est précieux.
Enfin en lui transmettant ce message, cette information que son corps a de la valeur, qu’il est important, qu’il est précieux ; que c’est par lui que l’enfant sait si quelque chose lui est agréable ou désagréable. Et, dans le prolongement, en lui expliquant, lui rappelant que personne ne doit le blesser ou l’agresser. Que personne ne peut abîmer son corps, que c’est interdit, qu’on a pas le droit. Que personne n’a à toucher ses parties intimes, que son corps n’appartient qu’à lui. Que par conséquent, si son corps est blessé, meurtri, abîmé, qu’il a un bobo, que ça lui a fait mal, que ça lui fait mal, qu’il doit venir nous le dire.
Votre enfant doit pouvoir disposer de sa pleine capacité à venir dire ce qu’il a subi, traversé, enduré. Il doit pouvoir nous informer que son corps demande des soins, du soin, qu’il doit être réparé si il a été abîmé.
Votre enfant doit savoir que son corps doit être respecté, à chaque instant et par quiconque y compris vous, qu’on doit le traiter avec douceur, avec bienveillance. Qu’on doit faire attention « à son petit corps ».
Votre enfant doit savoir qu’il peut parler à son corps, lui dire je t’aime, se prendre lui même dans les bras et qu’il peut prendre la parole au nom de son corps, de l’une de ses parties, quand ça ne va pas à l’intérieur, en dedans, quand une de ses parties a eu mal, a encore mal.
Votre enfant doit savoir que dans son corps, des parties intimes existent, qu’elles lui sont propres, que personne n’a à les toucher, que c’est interdit si quelqu’un essaye de les lui toucher, qu’il faut vous en parler.
De la même manière que des parents qui s’engagent pour appliquer concrètement les principes de l’éducation positive ou de l’éducation bienveillante, prévenir est un choix et un objectif à tenir. L’existence des lois ne suffisent pas à ce qu’elles soient connues, comprises et appliquées et tout particulièrement en matière de violences sexuelles, le rôle des parents est la clé pour que les enfants soient protégés.
Un enfant régulièrement informé, questionné est un enfant protégé.
C’est donc tous les jours, dans nos gestes du quotidien, dans la manière d’accompagner son enfant que se niche la prévention. Et, c’est parce qu’on aura pris le temps de répéter les messages de prévention, en les faisant évoluer en fonction de l’âge de son enfant que celui-ci pourra intégrer l’interdit de l’inceste, l’interdit des violences sexuelles. L’interdit de l’inceste entre frère et soeur, cousin et cousine, père et fille, mère et fils… L’interdit des violences sexuelles par quiconque, un maître, un prof de sport, un amoureux..
Voici donc un panel de petites phrases qui, dites au quotidien, feront la différence pour permettre à votre enfant de prendre conscience de son estime corporelle et de l’importance de son corps et de son respect.
« Mon chéri, tu viens de tomber, comment tu te sens dans ton petit corps? » « Oui, lorsque tu t’essuies après avoir été faire caca, tu le fais avec douceur » « Non, ton ami n’aurait pas du t’attraper le ballon ainsi et te pousser par terre, cela a abîmé ton genou, on va le désinfecter, bien le soigner et il va se réparer » « Oui, ma chérie, il n’y a que toi à présent qui nettoye ta vulve et ton clitoris car tu es grande, tu sais le faire. Ni papa, ni maman, seulement toi. Et, oui, les filles, elles ont une vulve, un clitoris et un vagin ». « Oui, il y a un gland au bout de ton pénis, un jour tu pourras le voir quand ta peau sera prête pour se replier tout doucement en arrière, pour l’instant elle est collée à ton gland et c’est normal ». « Le vagin, c’est un petit orifice, un petit espace à l’intérieur du bas de ton ventre, dont l’entrée est au milieu de ta vulve ». « Oui, mon chéri, le caca sort par l’anus ». « Est-ce que tu te souviens quand mardi nous avons parlé des touchers désagréables, est-ce que vendredi à l’école, c’est ce qu’il s’est passé ? » « Est-ce que quelqu’un t’a touché sur tes vêtements et que ce n’était pas agréable ? Tu sais, ton corps, il est important, il est précieux » Et sous tes vêtements, est-ce que c’est ça qu’il s’est passé ? « Ho non, les ronces ont égratigné ton mollet, on va bien te désinfecter. Ton corps il est important, on va bien en prendre soin ». « Je t’ai acheté un démêlant pour que cela ne te fasse pas mal dans tes cheveux quand tu les brosses ». « Quand tu mets ta crème solaire, mon coeur, fais doucement, ton corps il est important ». « J’ai lavé tous tes petits sous-vêtements avec de l’adoucissant pour que tu te sentes bien dans tes vêtements, qu’ils soient doux avec ton corps ». « Ma chérie, tu sais, quand tu fais l’amour de toi, c’est super, car ton corps il est très important et il te donne beaucoup de plaisir, mais l’amour de toi, c’est intime, alors on le fait que dans sa chambre, quand il n’y a personne ». « les bisous d’amoureux, sur la bouche, ce n’est que avec ton amoureux du même âge que toi et si lui aussi a envie, sinon, on ne peut pas lui faire ce bisou là ». « non ton frère n’a pas à toucher ta vulve, ni même pour voir comment s’est fait. Il n’a pas le droit, c’est ton corps à toi ». « non, aucun adulte n’a le droit de toucher tes parties intimes, ni même tonton ». « Mon chéri, ta soeur est une fille, elle n’a pas de pénis. Le pénis et la vulve se sont des parties intimes ». « Tu ne peux pas toucher la vulve de ta soeur ». « Quand tu vas rentrer au collège, tu verras que les garçons et les filles changent, le corps grandit, on devient tout doucement une femme ou un homme. Et, les filles elles perdent chaque mois un petit peu de sang qui descend par leur vagin. C’est l’utérus qui se met doucement en fonctionnement » « Mon fils, tu sais, au bout de ton pénis, il y a ce que l’on appelle un gland. La peau de ton prépuce va s’assouplir doucement et bientôt tu verras ton gland. Il n’y a que toi qui puisse replier cette petite peau au bout de ton pénis, ça s’appelle te décalotter. Si un jour, tu sens que tu as une gêne ou une douleur, tu me le dis et je t’expliquerai des gestes que seul toi pourra faire pour que tu n’aies plus mal ». « Ma chérie, je t’ai préparé une petite boîte du féminin. Dedans, j’ai mis plusieurs objets ainsi que le livre Le Trésor de Lilith que nous pourrons lire ensemble ce soir. Je vais t’expliquer comment on utilise une serviette hygiénique, quand il faut la changer et aussi t’expliquer ce qu’il se passe dans ton corps quand tu as tes règles pour que tu puisses prendre soin de tes parties intimes ». « Mon grand, maintenant que tu es entré en 4ème, je pense que c’est important que tu connaisses le site onsexprime.fr il répond à toutes tes questions vis à vis de ton corps de jeune homme qui change et aussi vis à vis de tes envies d’amour. Vis à vis de l’intime sexuel, je t’ai aussi acheté ce livre Full Sexuel, qui pourra répondre à tes questions. Et, pour tes copains, en cas de besoin, je préfère que tu aies toujours quelques préservatifs avec toi ». « Ma grande, je pense que c’est important que l’on puisse parler des moyens de contraception. Je t’ai trouvé cette petite brochure que l’on m’a donné au Planning familial, tu sais l’association qui milite aussi pour le droit à l’avortement. Ton corps change de jour en jour et avec lui, tu peux avoir de nouvelles envies qui naissent. C’est ton intimité sexuelle qui s’épanouit progressivement ».
Cette kyrielle de petites phrases dans lesquelles on trouve à la fois des messages d’estime corporelle mais aussi des messages de prévention devrait pouvoir vous aider à façonner vos phrases à vous.
Au fur et à mesure que votre enfant grandira, au fur et à mesure qu’il vivra chaque jour, vos messages de prévention se mettront en place dès lors que vous aurez fait le choix d’allumer dans votre esprit la petite lumière de la prévention des violences sexuelles, que vous aurez conscientisé le fait que c’est la répétition qui fait la prévention.
Acquérir une nouvelle habitude demande généralement 21 jours. Si durant les 21 prochains jours de cette nouvelle rentrée, vous décidez d’allumer cette petite lumière, alors, dans votre langage, dans vos gestes, le message que le corps a de la valeur sera transmis tout doucement à votre enfant.
Ce sera avec vos mots à vous, vos regards bienveillants et vos gestes doux que la magie de la répétition s’opérera et que vous parviendrez à prévenir les violences sexuelles dont votre enfant pourrait être victime.
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La Quête une méthode simple de prévention des violences sexuelles :
Interview : Prévenir les violences sexuelles chez les mineurs
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