De manière générale, notre société et tout son système juridique contribuent à nier les ressentis des individus. On apprend aux étudiants de première année de faculté de droit, qu’il convient toujours de « qualifier juridiquement les faits » c’est à dire d’extraire de la « petite histoire » une matière juridique qui permette de réfléchir d’une manière logique, c’est l’application du syllogisme juridique et d’emporter une application rigoureuse d’une norme juridique.
Or, toutes les réalités, vécus individuels ou collectifs, qui mènent aux jugements et arrêts des tribunaux et des cours sont, avant tout, des ressentis, individuels ou collectifs.
C’est ainsi qu’en matière de violences sexuelles, les dispositifs de prévention de ces violences ont principalement pour rôle de faire émerger, d’accentuer, de permettre la traduction en mots, de renforcer et de conforter les ressentis des enfants ou des adultes, personnes destinataires du dispositif.
Et, tous les dispositifs de prévention, renvoient au même enjeu : parvenir à ce que la personne se fasse confiance, s’autorise à dire son ressenti.
Corrélativement, lorsqu’un individu a subi des violences sexuelles, tout le travail de l’écoutant, de l’accompagnant et aussi du thérapeute va être de faire émerger les ressentis de la personne : qu’avez-vous ressenti, là, à l’intérieur, dans votre corps ? Afin que la personne victime puisse sentir, en elle, qu’elle est crue, soutenue, entendue.
Pour autant, fort est de constater que ni la société ni le droit ne parviennent à enrayer les violences sexuelles au sein de notre société. Il y a des avancées certes mais elles restent minimes. 1 femmes sur 4, 1 enfant sur 5, 1 homme sur 6. Les chiffres sont édifiants. Malgré les vagues répétées dont #stopagresseurs ,#metoo et tous les autres mouvements pour dire et faire entendre les souffrances morales, psychologiques et physiques endurées du fait des violences sexuelles masculines répétées, c’est comme si rien ne semblait pouvoir bouger.
Dans plusieurs de ses écrits, le Dr Muriel Salmona explique comment la société est pour partie littéralement anesthésiée émotionnellement. Incapable de ressentir, incapable d’écouter les ressentis, incapable d’être en empathie des ressentis d’autrui.
« Les violences, par leur pouvoir de sidération et de paralysie psychique, empêchent
toute possibilité de contrôler les réactions émotionnelles et génèrent un état de stress
dépassé avec la production de grande quantité d’hormones de stress – adrénaline et
cortisol – qui représente un risque vital cardio-vasculaire et neurologique (Nemeroff,
2009). Pour échapper à ce risque, un mécanisme de sauvegarde neuro-biologique exceptionnel déclenché par le cerveau va faire disjoncter le circuit émotionnel ainsi que
celui de la mémoire qui lui est lié, ce qui permet un arrêt brutal de la production
d’hormones de stress et génère une anesthésie émotionnelle et physique » (ressources ici).
La personne devenue victime va aussi s’anesthésier elle-même à la suite des violences pour ne pas avoir à repenser ou subir les effractions psychiques des souvenirs. Et, de la même manière les proches des victimes et toutes les personnes qui les entourent peuvent développer eux-mêmes des troubles psychotraumatiques, face à l’horreur du récit de la victime, à l’origine « d’une anesthésie émotionnelle avec une indifférence qui s’installe vis à vis d’elle, voire de conduites violentes à son encontre » (ressources ici).
Enfin, « la violence exercée sur autrui […] fait partie des conduites dissociantes qui permettent de s’anesthésier, comme une drogue » (ressources ici).
Ainsi, si la dimension psychologique maintient d’une certaine manière notre société dans un bain anesthésiant, celui-ci est largement soutenu aussi par d’autres mécanismes.
La licéité de la pornographie contribue à l’anesthésie émotionnelle des individus y compris des mineurs ; or, la pornographie n’est autre que des violences sexuelles réelles et filmées. De plus, on le sait à présent, non seulement la pornographie désensibilise les personnes par effet de sidération et de saturation émotionnelle et, en plus, elle favorise le passage à l’acte (sur ce point consulter notamment l’étude de Pedo Help sur les mineurs auteurs de violences sexuelles, 1 auteur sur 4 est un mineur et l’article de France Soir en guise d’illustration, rapportant que deux garçons de 7 ans ont violé une fillette dans leur école après avoir regardé de la pornographie sur le téléphone portable).
De la même manière, le système prostitutionnel contribue également à asservir les individues en les maintenant non seulement volontairement et de manière renouvelée dans de multiples états dissociés mais, plus encore, en niant tous leurs autres ressentis et leur capacité à les exprimer. Sortir de la prostitution est plus qu’un parcours du combattant. Et, malgré la dernière loi en la matière, ce système est toujours en place dans notre société.
L’éducation par la pédagogie noire qu’Alice Miller explique de manière détaillée dans son ouvrage C’est pour ton bien et qui a encore largement cours en 2018 renforce aussi l’incapacité à dire et exprimer ses ressentis. Car, non seulement les enfants sont atteins de nombreux symptômes psychopathologiques du fait des nombreuses formes de maltraitances qu’ils subissent ( les troubles dépressifs avec baisse de l’estime de soi, les conduites suicidaires ; les troubles de somatisation tels que céphalées, douleurs abdominales, énurésie, encoprésie ; les troubles anxieux, les symptômes de dissociation, les symptômes hystériformes ; les troubles du comportement sexuel ; les troubles du comportement alimentaire – anorexie mentale et boulimie ; toutes les formes d’addictions – alcoolisme, toxicomanie ressources ici) mais en plus par l’effet du syndrome de Stockholm, de l’exemplarité et du mimétisme, ils reproduisent les violences subies avec un sentiment de toute légitimité.
Et, le système juridique vient comme compresser le tout. Le bain est devenu une étanche piscine. Et, le piège se referme.
On le sait, le droit ne fait pas de sentiment. Il n’est pas la morale, ni l’éthique, ni la déontologie.
Le droit ce sont des faits, qualifiés juridiquement. « X, agée de 7 ans a subi une pénétration anale de la part de son père ».
A aucun moment on n’entend la respiration de l’enfant derrière ces mots, ni ses sanglots, ni on ne voit son corps se crisper quand on lui pose la question de savoir où papa a mis son zizi devant la caméra.
Son état corporel ne sera quasiment pas retranscrit dans le compte rendu de l’audition de l’enfant, via la procédure Amélie. Il y aura des « hum, hum », des « la victime pleure » notés sur une feuille blanche, « la victime ne réponde pas ». A aucun moment, ne seront précisés ses ressentis corporels et émotionnels dans le détail.
Et, pourtant, en son corps, il y en a un tas de ressentis. Il y a ses replis, ses tensions, ses grattements compulsifs, ses jambes qui se resserrent, ses envies intempestives d’aller aux toilettes, l’absence de salive dans sa bouche, le poing qui serre le jean ou le gilet, le doigt qui s’agite sur la fermeture éclaire du col de sa chemise, le picotements dans le bas de son dos, le nez qui ne cesse de couler alors qu’il n’y aucune larme sur ses joues, les tressaillement de ses jambes, la crampe dans son estomac, les fourmillements dans son bras quand elle montrera le geste qui a été fait sur son corps, ses déglutitions nombreuses mais discrètes pour ne pas pleurer encore, la contraction de ses fesses pour rester assise sur sa chaise et raconter, la morsure de sa lèvre inférieur, le torticolis qui s’installe, le sursaut en voyant un autre officier de police entrer dans la pièce, le souvenir de la douleur là en bas de son ventre et derrière aussi, le vide sonore qui s’installe tout à coup dans ses oreilles, les je n’ai pas entendu qui ne seront jamais dis, l’odeur insupportable du parfum de l’auteur tout à coup dans ses narines et qu’elle ne saura pas décrire, ni le goût du sperme dans sa bouche.
Chaque fois qu’une victime ose parler, à n’importe qui, ce sont ses ressentis qui sont mis en jeu. La personne en face d’elle est-elle anesthésiée ? Est-elle en empathie ? Est-elle capable d’accueillir, de dire je te crois, de valider les ressentis de la victime ? Que ce soit un ami, un proche, un officier de police judiciaire, le membre d’une association, un juge, un thérapeute ?
Chaque fois qu’un auteur passe à l’acte, il atteint la personne en toute partie de son corps et nie ses ressentis. C’est toute l’existence de la personne qu’il atteint.
« Attendu que, pour renvoyer M. Z… devant la cour d’assises sous l’accusation de viols aggravés, l’arrêt énonce notamment qu’il résulte des déclarations de G… J…, âgée de douze ans au moment des faits supposés, que son moniteur de tennis, M. Z…, lui a introduit un feutre dans le vagin alors qu’elle se trouvait à quatre pattes, qu’il ressort des dires de I… D…, 16 à 17 ans lors des faits, que le même homme lui a enfoncé ses deux pouces dans la vulve et une autre fois un objet, ce à quoi elle s’opposait catégoriquement ; que les juges ajoutent que les déclarations des plaignantes, mesurées, jugées crédibles par l’expert psychologue qui les a examinées, ont été réitérées, que si I… D…, âgée de 18 ans à la date de la dénonciation, n’a pas fait l’objet d’un examen gynécologique (qui s’avérait inutile dès lors qu’elle a dit avoir déjà eu des relations sexuelles), elle a décrit des actes de pénétration sexuelle constitutifs de viols, la psychologue qui l’a examinée estimant que la relation établie avec le professeur de tennis relevait de l’emprise et de la volonté de la contrôler dans sa vie et ses ressentis » (arrêt ici).
Dans cet extrait, les propos sont fort heureusement rapportés par la psychologue qui a examiné la victime et, heureusement pour cette personne, ils viennent à l’appui de ses dires. Le mot « ressentis » est présent dans l’argumentation mais sans plus de détails, comme pour ne pas ajouter à la réalité des blessures de la victime, toute l’inhumanité ressentie en son corps.
Il faut comprendre aussi que de la même manière qu’il est insupportable pour une victime de raconter son calvaire, il lui est de plus extrêmement difficile de recouvrer comme par magie ses pleins ressentis et de les exprimer dans le cadre d’une procédure judiciaire.
« que, s’agissant des déclarations et témoignages divers recueillis, il existe de sérieuses charges tendant à établir que les victimes ont subi, du fait du mis en examen, des faits de nature sexuelle punis par les textes répressifs : leurs déclarations sont constantes, réitérées et elles se sont confiées à des tiers, dont certains ne sont pas des proches, auxquelles elles ont fait part du traumatisme subi et ce bien avant la naissance du conflit entre M. Z…et son épouse ; que, néanmoins, on constate qu’elles n’ont pas évoqué d’actes de pénétration : elles ont fait état d’attouchement, de caresses sur le sexe, de douleurs ressentis certes dans le sexe mais sans qu’il soit précisé que ces douleurs ont été causées par des actes de pénétration véritable (arrêt ici).
Lorsque les victimes trouveront le courage de tout se remémorer, de dire, raconter, comme dans ce contexte-ci et de dire que oui, dans leur sexe elles ont ressenti des douleurs, alors, on pourra ne pas les croire et nier une fois de plus leur ressentis. Car, il faut que le droit s’applique tel qu’il a été édicté, même s’il minimise constamment les intrusions sexuelles corporelles… On parle ainsi de « faits de nature sexuelle », « d’actes de pénétration véritable ».
« Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 332 de l’ancien code pénal, 575, 593 du code de procédure pénale ;
« en ce que l’arrêt attaqué a confirmé l’ordonnance de non-lieu contre Georges Y… des chefs de viols sur mineure de 15 ans par ascendant légitime, viols accompagnés d’actes de torture ou de barbarie ;
>>>> un non lieu a été prononcé suite à des dénonciations de viols sur une enfant de moins de 15 ans par son père, non lieu qui a été confirmé en appel)
« aux motifs qu’en faveur d’une possible commission des faits reprochés à Georges Y…, il convient de retenir la crédibilité des déclarations de Nadège Y… au sujet des viols commis par Romuald Y… et de Gilbert X… qui se sont révélés être réels ;
>>>>> un pourvoi en cassation est formé et l’argument principal porte sur la crédibilité des dires de la victime
« que, par ailleurs, la résurgence de faits traumatisants à l’occasion d’un travail thérapeutique apparaît également concevable ; que ceci peut expliquer la relative imprécision des faits dénoncés initialement, puis les détails donnés ultérieurement au cours de l’instruction ; qu’enfin, les troubles psychiatriques profonds présentés par la partie civile sont réels et compatibles avec les faits décrits ; qu’en revanche, l’enquête menée n’a pas permis de retrouver les lieux où les viols auraient été commis compte tenu de l’imprécision des éléments donnés par Nadège Y… ; que de même, les recherches effectuées auprès des patrons de bars n’ont pas permis d’établir que Georges Y… se rendait dans ces établissements accompagné de sa fille ; que les imprécisions des déclarations quant aux auteurs des viols n’ont pas rendu possible leur identification ; que s’il est établi que Nadège Y… présentait souvent des traces de coup, aucun enseignant, ni personne de son entourage, ne semblent avoir remarqué des marques anormales, que ce soit dans son enfance ou lors de son adolescence ; qu’enfin, les troubles ressentis par Nadège Y… peuvent aussi s’expliquer au regard des agressions physiques commises par les deux autres mis en examen et de la qualité de ces derniers, le frère pour l’un, le substitut du père pour l’autre ; qu’au regard de ces éléments, le magistrat instructeur a estimé, à juste titre, qu’il ne résultait pas de l’information charges suffisantes à l’encontre de Georges Y… d’avoir commis les faits pour lesquels il avait été mis en examen ;
« alors qu’en relevant, d’une part, la crédibilité des déclarations de Nadège Y…, notamment au regard des autres abus dénoncés imputés à Romuald Y… et à Gilbert X…, en constatant, d’autre part, la réalité des troubles psychiatriques graves présentés par Nadège Y… qui étaient compatibles avec les sévices invoqués, en estimant, par ailleurs, que la relative imprécision des faits était compréhensible eu égard au fait que les faits traumatisants avaient resurgi à l’occasion d’un travail thérapeutique, mais en décidant cependant qu’au regard de l’imprécision des déclarations de Nadège Y… en ce qui concerne les lieux et les auteurs des faits, c’était à juste titre que le magistrat instructeur avait estimé qu’il ne résultait pas de charges suffisantes à l’encontre de Georges Y…, la chambre de l’instruction a entaché sa décision d’une contradiction de motifs et a violé les textes susvisés ;
« alors que, d’autre part, la demanderesse faisait valoir dans son mémoire que les faits imputés à Romuald Y… ne s’étaient produits que dans les années 1986, quand elle était âgée de 11 ans, tandis qu’elle présentait des troubles psychologiques graves depuis l’âge de 7, 8 ans, d’où il s’ensuivait qu’elle avait certainement déjà subi des abus sexuels avant ceux commis par son frère ; qu’en estimant, pour confirmer l’ordonnance de non-lieu à l’égard de Georges Y…, que les troubles ressentis par Nadège Y… pouvaient aussi s’expliquer au regard des agressions physiques commises par les deux autres mis en examen, sans répondre à l’articulation essentielle du mémoire de la demanderesse sur ce point, la chambre de l’instruction a méconnu les textes susvisés » ;
>>> et voici comment la Cour de cassation confirme l’arrêt qui a lui même confirmé le non-lieu :
« Attendu que les énonciations de l’arrêt attaqué mettent la Cour de cassation en mesure de s’assurer que, pour confirmer la décision de non-lieu prononcée par le juge d’instruction à l’égard de Georges Y…, la chambre de l’instruction, après avoir analysé l’ensemble des faits dénoncés par la partie civile et répondu aux articulations essentielles du mémoire produit par celle-ci, a exposé les motifs pour lesquels elle a estimé qu’il n’existait pas de charges suffisantes contre l’intéressé d’avoir commis les crimes de viols et viols aggravés pour lesquels il avait été mis en examen, ni toute autre infraction ; (arrêt ici).
Dans cet extrait d’arrêt, on voit bien comment, le droit passe à l’essoreuse à ressentis tout ce qui vient caractériser et conforter la crédibilité des propos de la victime.
- il s’agit d’une enfant victime de viols répétés
- c’est lors d’un travail thérapeutique qu’elle parvient à remettre son récit à l’endroit et à se souvenir
- elle a des troubles psychotraumatiques avérés dès l’âge de 7 ans
- elle a identifié le principal auteur des violences sexuelles : son père
- elle portait souvent des traces de coups
- elle a subi aussi des agressions physiques répétées par des membres de sa famille
mais, on lui demande aussi :
- de pouvoir se souvenir des lieux exactes où elle a été violée
- de pouvoir se souvenir des multiples auteurs qui l’ont violée lorsque son père l’emmenait dans des bars
et, on cherche à corroborer ses dires par le biais des témoignages d’autrui. La Cour précise donc que dans son cas, son contexte de vie, « aucun enseignant, ni personne de son entourage, ne semblent avoir remarqué des marques anormales, que ce soit dans son enfance ou lors de son adolescence«
A aucun moment « les troubles ressentis » par cette victime ne sont écoutés, ni les bonnes corrélations, c’est-à-dire les siennes, celles que elle dit avoir vécu, ne sont validées.
La crédibilité des dires de la victime ne repose donc pas sur ses ressentis à elle, ce qu’elle a vécu dans son corps, dans son coeur, corrélés en plus dans cette situation par ses troubles psycho-traumatiques.
Sa crédibilité a été anéantie par la négation de ses ressentis, débutée le jour des premières violences sexuelles, poursuivie les jours où personne n’a rien vu, rien dit, et ensuite passée à la moulinette par l’enquête et l’instruction.
Sa crédibilité a été mise de côté pour laisser la place à un rapport mathématique : celui du poids des faits dénoncés pour permettre d’obtenir des charges suffisantes. Car, dans cette situation, ce qui est demandé, redemandé et encore redemandé par la victime c’est simplement le droit d’accéder à un juge qui jugera des viols qu’elle dénonce.
En effet, le non-lieu est l’une des décisions prononcées après le dévoilement aux autorités judiciaires d’actes de violences. Alors, le juge décide soit de poursuivre, soit il prononce un non-lieu. Et, il prononce le non-lieu lorsqu’il estime qu’on n’a pas suffisamment d’éléments pour agir contre x présumé innocent. C’est l’abandon d’une action judiciaire en cours de procédure, par un juge. Le non-lieu est prononcé lorsque les éléments rassemblés par l’enquête ne justifient pas la poursuite d’une action pénale.
Heureusement, la victime peut interjeter appel de la décision. Mais, dans ce cas précis, la Cour d’appel a confirmé le non-lieu. Alors, la victime a formé un pourvoi en cassation. Et, la Cour de cassation a confirmé encore le non-lieu.
Plutôt que d’ouvrir la porte à un procès et de permettre d’entendre enfin les ressentis de la victime, celle-ci s’est vue refusée par 3 fois son droit au juge, c’est à dire son droit à un procès, son droit à exprimer ce qu’elle a vécu dans son corps ; que ce procès intervienne devant un tribunal correctionnel ou devant une cour d’assise.
Tout ce qu’elle a rapporté n’a pas du tout été entendu. Voici ce que cela signifie pour elle.
Ainsi et la jurisprudence continue de l’attester, moins les faits dénoncés prennent en compte la réalité du vécu, traumatique et globale de la victime, c’est-à-dire de ses ressentis, moins les auteurs seront condamnés.
C’est parce que les ressentis ont perdu tout leur poids dans les discours, sociétaux et juridiques que la crédibilité des victimes tombe elle aussi.
Notre société a ainsi fabriqué et maintient une mécanique de négation des ressentis qui nuit à sa pacification et conforte dans l’impunité les auteurs de violences sexuelles peu importe la forme des violences sexuelles : du propos indélicat jusqu’au viol.
Et, c’est parce que dès le propos indélicat, le ressenti de la personne qui le reçoit est nié que lors de faits plus graves encore la masse des ressentis n’est pas entendue ! Intolérable.
Pour devenir un parent prévenant, découvrir mon histoire et comment j’ai apaisé mes blessures de l’intime.
Merci pour votre article si juste et essentiel. Est-il possible de saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour que justice soit rendue aux enfants victimes d’agresseurs incestueux ?
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