Réfléchir ensemble

Repères pour la prévention des violences sexuelles chez les 0 à 3 ans

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Les enfants de 0 à 3 ans sont aussi victimes de violences sexuelles. Sujet délicat mais pourtant bien réel. Repérer un nourrisson ou tout petit enfant victime de violences sexuelles peut sembler difficile pourtant cela est indispensable. Comme chaque fois qu’un enfant est victime, plusieurs attitudes, symptômes vont montrer ce qu’il a enduré, vécu. Outre les blessures physiques des parties intimes, le développement de maladies sexuellement transmissibles, plusieurs indices doivent vous faire vous interroger. Vous ne reconnaissez pas votre enfant, il semble différent, il n’est plus le même, avant c’était comme ci et maintenant, c’est comme ça ; vous devez vous demander : a-t-il été victime de violences sexuelles ? Voici une liste des symptômes que votre enfant est susceptible de présenter si il a été victime :

  • agitation, irritabilité,
  • troubles du sommeil, cauchemars, terreurs nocturnes
  • hurlement en face de situations similaires, à l’examen du praticien par exemple
  • sensation d’insécurité, regard figé sur les parents ou incapacité à regarder
  • souffrance dépressive patente : gestes rares, ralentis, parfois associés à des rythmies de balancement et une quête affective
  • les signes régressifs : refus de séparation des parents, perte d’acquisitions de développement
  • rappels douloureux : refus de change, refus d’examen
  • expressions somatiques : douleurs abdominales, anorexie, gêne à la déglutition, mérycisme
  • expressions indirecte du traumatisme génital et périnéal : régression de propreté, constipation ou apparition d’encoprésie , troubles mictionnels révélés parfois par des infections urinaires
  • les maladies sexuellement transmissibles malgré l’âge de l’enfant
  • les hémorragies génitales, les fissures anales
  • un comportement sexualisé : « masturbations » ou frottements compulsives , jeux sexuels précoces ou gestes sexualisés de l’enfant sur l’adulte ou sur un autre enfant
  • autoérotisme compulsif, érotisation de l’angoisse d’abandon, attachement excessif à un objet d’amour
  • comportement d’agressivité inhabituel à cet âge même avec des personnes proches
  • modification du comportement, comportements agressifs nouveaux,
  • détresse, plus grande sensibilité à l’anxiété maternelle
  • tristesse
  • mises en danger répétées, instabilité motrice : quand le nourrisson est en âge de marcher, il est en perpétuel mouvement ce qui l’expose en plus à des accidents domestiques s’il est livré à lui-même
  • retards psychomoteurs
  • répétition compulsive d’un jeu, pas forcément en lien avec une dimension sexuelle, mais répétition d’une intensité particulière
  • réactions de sursaut exagérées, hypervigilance, vigilance gelée du regard chez le nourrisson, en alerte, sur le qui-vive, esquissant des mouvements de protection à l’approche de l’examinateur
  • la peur ou la terreur : peur d’aller aux toilettes seul, peur du noir, toute autre peur nouvelle non liée étroitement à l’évènement

Si vous avez un doute sur le fait que votre enfant ait pu être victime de violences sexuelles, ne restez pas seul.e et contactez un professionnel. Surtout, faites vous confiance.

En chacun de nous, sommeille un bon parent. Un parent qui souhaite le meilleur pour son enfant et les enfants des autres. Un parent bienveillant et responsable.

 

Lorsque l’enfant paraît, notamment pour la première fois dans la vie de l’adulte, tout change. Il faut donc pour l’adulte, naître parent.

Naître parent, c’est accepter que son enfant n’a pas choisi de venir au monde et que pour cette raison, c’est de notre choix qu’il est né. Alors, nous nous devons de lui apporter tout l’amour et toute l’affection dont il a besoin pour s’épanouir.

 

Naître parent, c’est accepter que son enfant dépende entièrement de soi et que pour cette raison nous avons envers lui une obligation de bons soins qui est permanente. Ce sont les devoirs qui nous incombent en vertu de notre autorité parentale. 

Naître parent, c’est comprendre ce qu’est une éducation bienveillante afin que son tout-petit se développe au mieux. C’est veiller à son réel bien-être. Voir sur ce point, l’ouvrage essentiel d’Alice MILLER C’est pour ton bien. Et, vous pouvez aussi consulter l’article Les 6 piliers de l’éducation bienveillante.

 

Etre parent n’est pas une mission, ni même un métier qu’il y aurait lieu d’apprendre.

Il s’agit plutôt d’un des rôles essentiels des hommes et des femmes de toujours : transmettre la vie génération après génération, se relier aux autres, construire un monde habitable… Tenir cette place a toujours été ardu. Il n’existe pas de parent parfait, capable de répondre de manière idéale aux besoins de son tout-petit. Tout comme il n’y a ni recette ou réponse miracle pour éviter la maltraitance.

A chacun de se débrouiller… Mais cette débrouille peut s’avérer galère, détresse et solitude ou au contraire révéler une certaine créativité pour autant que l’on trouve appui et solidarité : le coup de pouce d’un ami, d’un voisin, l’aide d’un professionnel…

Lorsque l’enfant naît, l’adulte renaît donc à son tour, mais sous un autre jour. Il devient le responsable de quelqu’un d’autre, ce petit être vulnérable qu’est le nourrisson.

C’est ainsi que pour accompagner au mieux les adultes vers leur nouvelle vie de parents, le gouvernement belge a mis au point un livre « Naître parents » disponible gratuitement sous format pdf.

Comment accompagner les « nouveaux » parents pris par le remue-ménage qui survient inévitablement lors de l’arrivée d’un bébé ?

Comment les encourager à exprimer leurs émerveillements mais aussi leurs doutes, leurs débordements et à trouver des points d’appui?

Ce livre ne parle pas du nombre d’heures de sommeil du tout petit, de la manière de le coucher, de le langer, ni de le nourrir. «Naître parents » ouvre une fenêtre sur les sentiments, les mouvements, les émotions dans lesquelles sont emportés les parents pendant les deux premières années de vie avec leur enfant.

Oui, devenir parent, c’est une aventure remplie de tendresse, fierté, amour mais aussi de détestation, ras-le-bol, interrogations, émotions,… et dire quelque chose de ces émotions-là est souvent bien plus compliqué.

Parce que prévenir les violences sexuelles, c’est prendre conscience de qui l’on est et qui l’on va possiblement devenir en tant que parent.

Parce que prévenir les violences sexuelles, c’est apprendre à exprimer ses propres émotions, celles là même que le tout-petit peut faire éclore en nous.

Parce que prévenir les violences sexuelles, c’est constater ses propres difficultés avec son tout-petit.

Parce que prévenir les violences sexuelles, c’est apprendre que l’on peut avoir du soutien lorsque l’on est parent.

 

Pour toutes ces raisons, je vous invite à consulter ce livre, Naître parents, très riche d’expériences et à le diffuser aux membres de votre famille mais aussi à vos amis et voisins/voisines. J’ai sélectionné ci-dessous quelques extraits de pages (pages illustrées) que je compléterai avec d’autres éléments pour enrichir votre démarche préventive afin de participer pleinement au bien être de vos enfants et de l’ensemble des enfants.

Lorsque l’on devient parent, cela nous rappelle quel enfant on a été… 

Heureusement, nous ne sommes pas tout seul et il y a plusieurs façons de faire, d’agir. On peut apprendre à communiquer différemment. On peut apprendre à communiquer sans violence.

 

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On peut choisir d’utiliser le langage des signes avec son nourrisson pour développer un moyen de communication qui nous ressemblera peut-être encore mieux que l’utilisation des mots.

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La communication non-violente s’apprend. C’est une façon de communiquer avec tout autre. La non-violence « n’est pas la passivité : c’est une manière d’être et une manière d’agir qui visent à régler les conflits, lutter contre l’injustice, construire une paix durable« .

Je vous conseille ces trois ouvrages pour apprendre la communication non-violente :

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Naître parent, c’est aussi prendre conscience que nous donnons naissance à un futur mini-citoyen, lequel vivra avec tous. Il faut donc tout un village pour élever un enfant. 

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Avoir un enfant, c’est d’abord le rencontrer. Dans tout ce qu’il est. 

Un nourrisson ne sait pas encore communiquer avec ses parents que dès la naissance, pourtant, il entre en contact avec eux. Par le toucher, via leur odeur, en écoutant le son de leur voix, en goûtant le lait maternel, en ressentant des caresses, des baisers. Ses cinq sens sont en éveil de même que les cinq sens de ses parents. Alors, progressivement, le nourrisson va découvrir qui sont ses parents et l’environnement dans lequel il vit. Cet apprentissage de la découverte de son environnement de vie et des membres de sa famille sera progressif, progression identique à la prise de conscience de son propre corps.

Pour que cet apprentissage se déroule au mieux, il faut que chacun des membres de la famille et en priorité les parents du nourrisson apprennent à entrer en contact avec lui. Ce contact doit être doux, chaleureux et respectueux. Le nourrisson possède une certaine fragilité. Il est à la fois dépendant de l’autre et vulnérable. Ses membres sont petits. Il faut y faire attention. C’est cette attention soutenue donnée au tout-petit qui permettra de créer les liens d’attachement nécessaire à son bon développement. Ces liens lui assureront protection et sécurité.

Lui sourire chaque matin au moment du réveil et chaque soir au moment où il s’endort lui donnera confiance et l’apaisera. Lui prodiguer des caresses bienveillantes et le porter dans ses bras participeront de son épanouissement affectif et sensoriel de même que de lui dire des mots d’amour  ou lui chanter une chanson.

Sur ce point, vous pourrez lire l’ouvrage L’attachement, un lien vital, de GUEDENAY.

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Avoir un enfant, c’est l’aimer du mieux que l’on peut tout en respectant la personne qu’il est. 

Il existe beaucoup de moyens de montrer à son nourrisson que vous l’aimez. Le jeu participe pleinement de cet acte important qui est de donner et montrer de l’affection à son enfant. Sans affection, son développement ne sera pas complet.

Jouer, aide à créer, grandir, se construire, vivre ensemble, découvrir le monde, apprivoiser ses peurs…

Un dépliant de la campagne Jeu t’aime, du gouvernement belge, regroupe des extraits du livre portant le même nom, mais à destination des plaisirs ludiques du tout petit : papoter, se faire bercer, manger le bedon… Prévenir les violences sexuelles, c’est montrer à son enfant que nous l’aimons et qu’il peut avoir confiance en nous.

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Respecter le nourrisson et le petit enfant, c’est faire attention à lui, à la progression de ses mouvements. 

Il ne faut pas le forcer à faire un geste qu’il ne connait pas encore. Comme nous l’indique Emmi Pikler, « la liberté motrice consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant, sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit ». La motricité libre spontanée consiste alors à laisser l’enfant bouger comme bon lui semble dans un environnement sécurisé et sécurisant et à lui offrir des occasions de mouvements où il pourra dépasser ses limites sous l’œil attentif et bienveillant de l’adulte. Pourquoi ? Car le corps humain est programmé pour se retourner, attraper, s’asseoir, se lever, marcher sans que l’adule n’intervienne lui-même ou par l’intermédiaire d’un quelconque objet. En expérimentant et en découvrant leurs possibilités motrices, les enfants développent un esprit d’initiative, une curiosité et un intérêt pour la découverte du monde. Ils font preuve d’attention et de persévérance dans leurs tentatives.

Sur ce point, découvrir L’association Emmi Pikler.

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Respecter le nourrisson et le petit enfant, c’est lui apporter les soins d’hygiène nécessaires. 

La personne qui procède à ces soins peut expliquer au nourrisson à chacune des étapes des soins ce qu’il va faire pour lui.

Au moment de changer sa couche, vous pouvez expliquer à votre nourrisson ce que vous allez faire avant d’y procéder. Vous pouvez utiliser les phrases suivantes : « je vais nettoyer ton pénis, tes testicules, tes fesses, tes parties génitales à l’aide d’un coton et d’un peu de lait et te remettre ensuite une couche propre. Ainsi, tu te sentiras plus à l’aise. Tu seras tout propre. » Nommer les parties génitales du nourrisson à haute voix permet non seulement à la personne qui s’occupe quotidiennement de lui de prendre de conscience de l’importance du respect des parties intimes du nourrisson mais aussi lui permet d’anticiper sur sa croissance et le fait que rapidement le bébé sera en mesure de nommer les parties de son corps à lui. Vous pouvez aussi lui dire que son corps lui appartient.

Au moment du bain, vous pouvez dire à votre nourrisson que vous allez lui laver ses mains, ses bras, ses pieds, ses jambes, ses parties génitales mais aussi sa tête, son ventre, son dos avec un gant de toilette et un peu de savon. Vous pouvez nommer ces parties au moment où vous le faites. Vous pouvez lui dire que son corps lui appartient.

Chez le docteur, lorsque ce dernier vous demande de déshabiller votre nourrisson afin de l’examiner, vous pouvez lui expliquer ce que vous allez faire et ce que le docteur va faire.

Respecter votre nourrisson et le petit enfant, c’est donc aussi et surtout respecter les parties, intimes ou non intimes, de son corps. Prévenir les violences sexuelles, c’est nommer les parties du corps de votre nourrisson et les respecter pleinement. Son corps lui appartient à lui. Personne et aucun des membres de sa famille n’a le droit de lui toucher ses parties génitales, ni de lui imposer de toucher les parties génitales de quelqu’un ou de l’un des membres de sa famille. Le nourrisson comme tout être humain a droit au respect de ses parties intimes. Il est important d’expliquer cela aux membres de la famille et, en particulier, aux frères et soeurs du nourrisson s’il en possède.

Vous  pouvez aussi en parallèle lire à votre nourrisson confortablement installé dans son cosy, ce petit livre très simple et que votre bébé apprendra ensuite seul à manipuler.

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Une réflexion s’impose également sur la question du décalottage s’agissant des garçons. Dès la naissance, le prépuce est littéralement collé au gland de votre petit garçon dans le but de protéger ce gland. Ce n’est qu’en grandissant que progressivement, le prépuce se décollera. Décalotter votre petit-garçon alors qu’il est bébé et a entre 0 et 3 ans, en croyant que c’est une mesure d’hygiène, est une idée fausse véhiculée par la société. Par contre, apprendre à votre garçon, quand il sera en âge de le faire, à bien se nettoyer le pénis est important. Aussi, lui imposer un geste qui non seulement risque de lui déchirer le prépuce, de le blesser mais aussi va le traumatiser, c’est lui infliger une violence sexuelle. Nous avons détaillé une page-outil complète sur les soins d’hygiène et le décalottage ainsi qu’un article plus juridique qui explique que le décalottage est une violence sexuelle.

Que se passe-t-il quand votre nourrisson tente d’entrer en contact avec vous directement en utilisant sa voix ? Souvent, il pleure. Et puis, plus tard, il vous dira non. Comment réagir ? Comment ne pas s’énerver ? Comment rester un parent bienveillant ? 

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Face aux débordements, que puis-je faire ? 

Vous pouvez en parler au téléphone. Vous pouvez contacter la ligne Allo Parents Bébé au 0.800.00.34.56, numéro vert, anonyme, gratuit et disponible sur toute la France métropolitaine et les Dom Tom. Ligne créée par l’Association Enfance et Partage pour aider les parents au quotidien.

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Vous pouvez en parler à une sage-femme et ou une puéricultrice de la protection maternelle et infantile PMI de votre département. Ces professionnelles pourront vous donner des conseils gratuits dans le respect de votre situation. Elles se déplacent à domicile mais vous pouvez aussi les rencontrer dans un lieu d’accueil. Pour trouver votre PMI et ses coordonnées, rendez-vous sur le site : allopmi.fr  (ceci est un portail indépendant mais on y trouve toutes les adresses et coordonnées des PMI).

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Vous pouvez en parler avec une assistante maternelle à qui vous déciderez de confier votre enfant pour quelques jours de garde ou avec d’autres parents au sein d’un relais de parents. Pour cela, consultez le site mon-enfant.fr – site du gouvernement français pour mettre en lien les parents et les assistantes maternelles et trouver des relais de parents.

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Vous pouvez parler de la maltraitance ou signaler toute maltraitance ainsi que les violences sexuelles subies par le nourrisson via le 119 – numéro national anonyme et gratuit visant à protéger les enfants sur tout le territoire français.

119

En cas de constatation de violences sexuelles, pensez au nourrisson et au petit enfant, n’hésitez pas, contacter le 15 (SAMU), le 17 (Police nationale) et le 18 (Pompiers) par téléphone. 

Les conséquences des violences sexuelles commises sur un nourrisson sont dévastatrices. Il convient d’en avoir pleinement conscience. Outre les séquelles physiques, le nourrisson sera dévasté psychiquement. C’est tout son développement qui s’en trouvera freiné voir même stoppé.

Voir sur ce point, Développement et troubles de l’enfant 0-12 mois, de DURIEUX.

Si vous avez des doutes et pensez que votre nourrisson, bébé ou enfant puisse être victime de violences sexuelles, il est important d’agir rapidement. 

Vous pouvez : 

– vous présenter aux urgences pédiatriques de n’importe quel hôpital pour une prise en charge immédiate

– contacter le 119 pour un signalement et obtenir les premiers conseils pour agir

– contacter le 17 pour une intervention des forces de polices

– contacter la ligne d’écoute Viols Femmes Informations 0.800.05.95.95 pour avoir des informations (du lundi au vendredi de 10h à 19h – appels anonymes et gratuits)

Dans tous les cas, ne restez pas seul.e. Réconfortez votre enfant. Notez ce que vous constatez. Parlez-en à une personne de confiance. Vous pouvez être aidé.e. Contactez un des numéros ci-dessus indiqués.

 

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