Aujourd’hui, 12 mai 2016, en France, plusieurs femmes, plusieurs enfant.e.s ont été violé.e.s et agressé.e.s sexuellement.
Il y a deux jours, Océane, une jeune femme se suicide en filmant son acte.
La raison ? Elle a été victime d’un crime. Elle a été violée.
Les médias se déchaînent donc. Et, on peut lire :
Sur Paris Match, « Suicide sur Périscope : Océane, une jeune fille au passé douloureux » :
« D’après une amie citée par Metronews, Océane, originaire d’Etampes, était pourtant une «fille heureuse» à l’époque du lycée. Mais selon les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, elle avait un «profil psychologique fragile». Installée seule à Egly depuis moins d’un an, elle n’aurait pas réussi à s’habituer à sa nouvelle vie. Au cours de l’une de ses conversations sur Periscope, elle a d’ailleurs avoué n’avoir qu’une envie, «partir».
Employée en tant que réceptionniste dans une maison de retraite, sa vie aurait basculée il y a peu lors d’un séjour à Perpignan. C’est là-bas qu’elle aurait été violée par son ancien petit-ami. Des faits qu’elle a dénoncés dans sa vidéo mais également par SMS à un ami de l’homme qu’elle accusait. »
Les médias, s’emparant de ce qu’ils nomment un fait divers, relatent les paroles de la jeune femme dans un déni total de ce qu’elle a dit.
NON ! Ce n’est pas là-bas qu’elle aurait été violée par son ancien petit-ami. OUI, c’est là-bas qu’elle a été violée !
Sur France Inter, « Suicide sur Périscope : il faut sensibiliser les jeunes » :
« Dans un SMS envoyé à un ami, la jeune fille évoque des violences et un viol que son compagnon lui aurait fait subir et déclare mettre fin à ses jours à cause du mal que celui-ci lui avait fait », selon le procureur. »
Outre cette répétition erronée de ce qu’a dit Océane, non, la jeune fille n’évoque pasun viol que son compagnon lui aurait fait subir mais un viol qu’il lui a fait subir ; France Inter ajoute que par conséquent, il faut sensibiliser les jeunes.
« Ces faits posent la question de la modération du contenu diffusé sur cette application dont on ne peut revoir les vidéos que pendant 24 heures après leur diffusion. […] la prévention est une urgence, notamment en milieu scolaire. Expliquer aux jeunes la portée que peuvent avoir des mots, des photos ou des vidéos sur le net, mais aussi leur portée sur ceux qui regardent, qui peuvent aussi être traumatisés. »
La prévention, le mot est pourtant là !
Mais, de quoi parlent ces journalistes ? Que racontent-ils ? De quelle prévention s’agit-il ? S’agit-il de prévenir la diffusion de contenus qui peuvent choquer ? Ou, s’agit-il de prévenir les violences sexuelles à l’origine de l’acte d’Océane ?
Car, c’est en réalité de cela dont il s’agit.
Alors, nous répondons que non, il ne s’agit pas de s’interroger encore et encore sur les conditions de diffusions d’images et de vidéos via internet.
Il s’agit du décès dramatique d’une jeune femme, Océane, que personne n’a su protéger, que personne n’a su soutenir, ni entendre.
Il s’agit de la souffrance créée par un crime ignoble qui n’a pas été sanctionné.
Il s’agit d’un violeur qui est en liberté à l’heure où je vous parle.
Il s’agit d’une injustice, d’un détournement des lois et d’une usurpation masculiniste du droit, parce que notre société française, malgré son code pénal, malgré sa pseudo liberté de la presse, continue de dominer les femmes et les enfants, continue son travail de méprise envers les corps des femmes et des enfants.
Cette situation est inadmissible.
Aujourd’hui, comme hier, des femmes et des enfant.e.s ont, elles, eux aussi, été violé.e.s.
Prévenir, c’est comprendre ! Prévenir, c’est dire ! Prévenir, c’est éduquer !
AGISSONS ! PREVENONS LES VIOLENCES SEXUELLES !
Soyons toujours du côté des victimes, agissons #AvecLesVictimes !