Prévenir, c’est apprendre à bien vivre ensemble

Lorsque l’on aborde la question de la prévention des violences sexuelles auprès des enfants, il est indispensable de penser cette question non pas d’un point de vue strictement individuel mais plus largement d’un point de vue collectif.
Prévenir, c’est comprendre que les violences sexuelles ont été interdites par la loi, laquelle est garante de notre bien vivre ensemble. La loi est la même pour tous et c’est parce qu’elle nous met sur un pied d’égalité que tous nous devons apprendre à la respecter et la respecter.
Prévenir, c’est dire que se respecter soi, c’est respecter les autres. Le respect de son propre corps donne conscience des limites à ne pas franchir pour ne pas agresser l’autre.
Surtout, prévenir les violences sexuelles, c’est oser parler de la sexualité avec son enfant. C’est ne pas déconnecter les violences sexuelles de la sexualité.
Pourquoi ? Car globalement c’est dans le rapport à l’autre que la sexualité s’inscrit et surtout c’est dans le rapport à l’autre que les violences sexuelles existent.
Ainsi, penser la prévention des violences sexuelles non pas comme une question individuelle mais collective, c’est permettre de poser un cadre : celui du respect du sexe de l’autre.
Jocelyne Robert et Jo-Anne Jacob dans leurs ouvrages Ma sexualité, déclinés en fonction des âges de l’enfant : de 0 à 6 ans, de 6 à 9 ans, de 9 à 11 ans, abordent très justement la question de la prévention des violences sexuelles.
Le titre de ces ouvrages Ma sexualité permet de poser le point de départ de la transmission d’une information claire et adaptée sur la sexualité et donc sur les violences sexuelles.
Ainsi que les auteures l’expliquent, « parler de sexualité naturellement et simplement est une excellente façon de faire une démarche [préventive]. En parler sainement à l’enfant peut aussi développer sa responsabilité et prévenir la possibilité [d’une agression sexuelle] ».
Les auteures ont ainsi fait le choix d’aborder cette question par le biais du toucher pour les 0 à 6 ans. L’objectif est de permettre à l’enfant de distinguer le bon toucher, du toucher abusif.
La progression avec laquelle l’ouvrage aborde les différentes questions relatives à la sexualité de l’enfant est très intéressante dans la mesure où elle donne les clés pour comprendre d’abord ce qu’est une relation aux autres épanouissante puis une relation sexuelle saine et consentie et enfin une connaissance précise de ses organes sexuels. Les mots ainsi que les images sont pleinement adaptés et l’enfant peut suivre le déroulé de l’histoire qu’on lui lit, très naturellement.
Toutes les situations permettant d’aborder les divers points de la sexualité de l’enfant sont présentées dans un cadre collectif : celui de la famille, de la fête entre amis ou encore de l’école.
C’est à partir d’une situation de toucher qui blesse, qu’un adulte – l’animatrice ou l’institutrice – explique ce qu’est un bon toucher, celui qui fait du bien et avec lequel on est d’accord, d’un mauvais toucher, un toucher d’agression pourrait-on dire, qui fait mal et du mal et avec lequel on n’est pas d’accord. Plusieurs enfants prennent la parole successivement pour expliquer leurs vécus de mauvais toucher et l’adulte donne des clés pour comprendre leurs différences et savoir comment réagir.
Dans la partie de l’ouvrage réservée aux parents, les auteures expliquent :
« il importe que, dès son plus jeune âge, l’enfant sache que son corps lui appartient, qu’il a le droit de dire non et surtout qu’il sente qu’il peut toujours parler de ce qui lui arrive à ses parents ou aux personnes en qui il a confiance. Votre attitude ici est d’une extrême importance. C’est elle qui déterminera le choix de l’enfant de s’ouvrir à vous ou bien de porter seul le poids de lourds secrets. Il ne s’agit pas de paniquer ou de faire peur à l’enfant mais de l’informer de l’existence de ces réalités. La lune a une face éclairée et une face sombre. La forêt foisonne de beautés et de trésors; elle recèle aussi des dangers. Il en va de même pour la sexualité. L’enfant doit savoir ce qui est beau et bon si l’on veut qu’il reconnaisse ce qui ne l’est pas. Nous sommes portées à croire que, si l’enfant parvient simplement à distinguer ce qui est bon pour lui : ce à quoi il consent, ce dans quoi il se sent bien, de ce qui ne l’est pas : ce qui lui est imposé, ce dans quoi il se sent mal, il sera plus apte à exercer sa liberté et à se faire respecter« .  (Voir aussi la note sur les bons et les mauvais secrets).
La prévention des violences sexuelles s’inscrit ainsi dans la fleur du collectif.
fleur-prevention-collective
La prévention se pense dans le rapport à soi – se connaître, se respecter.
La prévention se pense dans le rapport à soi et aux autres – respecter et être respecté.
Envisager de prévenir les enfants de l’existence des violences sexuelles d’abord à partir de la connaissance des rapports sains entre êtres humains pour ensuite les ramener à eux-mêmes pourrait être une bonne démarche dans la mesure où les enfants naissent dépendants des autres et que ce n’est que progressivement qu’ils pourront s’en émanciper.
Savoir que les êtres humains peuvent ne pas avoir des rapports sains et être acteurs d’actes de violence leur permet non seulement de connaître la réalité des rapports humains mais aussi de ne pas être démunis si ils y sont confrontés.
Apprendre à bien vivre ensemble, c’est donc aussi prévenir les violences sexuelles.
Pour illustrer notre propos, nous vous proposons de découvrir Les petits Charlies, l’abécédaire du vivre ensemble, lauréat 2016 du concours SNUIPP dont les mots choisis dans l’abécédaire résonnent avec la démarche préventive : respecter, protéger.
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