Stop hypersexualisation

L’hypersexualisation de la société est un phénomène inquiétant qui contribue aux violences sexuelles commises à l’encontre des enfants, filles et garçons ainsi qu’à l’encontre des femmes. En effet, un nombre grandissant de magazines, vidéos, calendriers, jouets, vedettes de la chanson, sites Internet pornographiques et publicités de toutes sortes accentuent quotidiennement le message que le corps des filles, des garçons et des femmes peut être utilisé, exploité, vendu, violenté, agressé.
Le phénomène de l’hypersexualisation de la société banalise la violence sexuelle envers les femmes et les jeunes filles et en fait même souvent la promotion.
La prévention des violences sexuelles commises à l’encontre des enfants passe donc nécessairement par une prise de conscience des effets dévastateurs de l’hypersexualisation de la société, de son impact tant sur les enfants mais aussi sur les adultes.
Prendre conscience de cette réalité, en discuter avec ses enfants ou les enfants dont on a la charge en tant qu’enseignant, éducateur, animateur ou autre accompagnant bienveillant, sensibiliser les autres adultes autour de soi, l’ensemble de ces démarche permet de lutter efficacement et activement contre les fausses représentations que diffusent la pornographie et tous les supports de communication destinés à vendre des biens de consommation lesquels utilisent des images dévalorisantes des filles et des femmes.
Oser parler de sexualité avec son enfant, de l’importance du ressenti de chacun, du respect de son corps et du corps de l’autre, du respect fille/garçon sont également des clés pour mettre à distance les images d’hypersexualisation et d’érotisation véhiculées par les médias.

Comprendre l’hypersexualisation de la société :

On parle d’hypersexualisation de la société lorsque la surenchère à la sexualité envahit tous les aspects de notre quotidien et que les références à la sexualité deviennent omniprésentes dans l’espace public : à la télévision, à la radio, sur Internet, dans les cours offerts, les objets achetés, les attitudes et comportements de nos pairs, etc.
Ce phénomène, largement inspiré par le monde de la pornographie, est fondamentalement sexiste ; il utilise habituellement le corps des femmes et des jeunes filles, mais aussi celui des hommes et des jeunes garçons. Il a des conséquences importantes, notamment sur les manières de penser et d’agir, sur la sexualité et au niveau des relations filles-garçons.
L’hypersexualisation valorise le paraître aux dépens de l’être ; l’avoir plutôt que le savoir.
Voici quelques exemples du phénomène de l’hypersexualisation de la société : 
• Le retour en force de publicités sexistes utilisant le corps de femmes pour vendre un produit : papier hygiénique, chocolat, eau minérale, sacs à main, voyages etc
• La prolifération de vidéoclips sexistes et sexuellement explicites
• Les produits offerts spécifiquement aux petites filles : les poupées fortement sexualisées, telles les Bratz mais aussi les Barbies, le maquillage ou les vêtements sexy qui encouragent l’érotisation de l’enfance
• Les émissions de télé-réalité où les attitudes et comportements à caractère sexuel sont fortement valorisés
• Les chansons populaires aux paroles sexuellement explicites, violentes et méprisantes envers les filles et les femmes
• La promotion des mannequins et actrices de l’industrie de la pornographie
• L’augmentation importante d’allusions à la sexualité, au sexe ou à l’apparence sexy sur les pages couvertures des magazines
• Les livres à colorier pour enfants avec pour modèles à colorer des chanteuses en vêtements moulants dans des poses sexy
• La multiplication des calendriers des plus belles filles ainsi que des concours de chandails mouillés, des plus belles fesses ou des plus beaux seins
• L’explosion du nombre de sites internet pornographiques et de messageries sexuelles instantanées

D’où vient l’hypersexualisation ? 

Dans notre société, les traditions, les lois, la religion, l’éducation ainsi que les rôles spécifiques attribués aux personnes selon leur sexe ont maintenu des rapports inégaux entre les hommes et les femmes. Il n’y a pas si longtemps encore, les femmes n’étaient même pas considérées comme des personnes au sens de la loi. Elles n’avaient pas le droit de vote, n’avaient pas accès à la même éducation que les hommes et étaient incitées à rester au foyer pour s’occuper de leur mari et de leurs enfants.
De nos jours, malgré de nombreuses avancées concernant les droits des femmes, les hommes et les femmes continuent d’être traités-es différemment.
Ainsi, dès leur plus jeune âge, la société enseigne aux filles et aux garçons des attitudes et des comportements différents selon leur sexe.
Enfants, on perce les oreilles des petites filles, on les habille de petites robes, on leur met du brillant à lèvres et on leur lit des histoires de princesse en attente du prince charmant.
Quant aux garçons, on a plutôt tendance à leur acheter des jeux vidéo dont ils sont les héros, à les inciter à faire des activités physiques et à les habiller de façon plus sportive.
Et si certains-es jeunes n’adhèrent pas à ces modèles, leurs amis-es de la garderie ou de l’école ne manqueront pas de leur mettre de la pression pour qu’ils et elles s’y conforment
Dans notre société hypersexualisée, ces modèles sexués sont exploités au maximum pour vendre, pour faire de l’argent.
Dans la plupart des publicités, les hommes sont habituellement représentés comme étant en action : ils font du sport, ils conduisent une voiture, un bateau, ils font de la randonnée pédestre ou ils sont en réunion. Quant aux femmes, elles sont habituellement utilisées pour leur apparence physique.Très peu vêtues, elles sont souvent représentées dans des postures passives, sexuellement explicites ou encore de soumission.
Cette représentation de la femme comme objet de beauté et de jouissance est ainsi utilisée pour vendre des films, des chansons, des vidéoclips, des livres, des magazines, des produits de beauté, des produits nettoyants, des parfums, des montres, des valises,
des voitures, de la bière, etc.
Selon une étude effectuée en 2006, 80% des jeunes considéraient que les activités sociales sexualisées, tels les concours de chandails mouillés, les jeux d’imitation de fellation, les danses sandwich ou le sexe en groupe, étaient un bel exemple de relations égalitaires entre les gars et les filles. Données provenant d’une étude effectuée en 2006 dans la région de Québec auprès de 1500 jeunes garçons et filles de 15 à 17 ans.

L’hypersexualisation et la sexualisation précoce 

On parle de sexualisation précoce lorsque des enfants développent des attitudes et des comportements sexués ne correspondant pas à leur stade de développement psychologique et sexuel.
Cette sexualisation précoce est l’une des conséquences de l’hypersexualisation de la société. Puisque les enfants apprennent du monde des adultes, ceux-ci sont particulièrement vulnérables face aux compagnies de marketing qui les visent spécifiquement.
Or, les modèles et les produits qu’on leur propose sont très sexualisés, tels poupées, vêtements, jeux, dessins animés et télé-réalités diffusées aux heures de grande écoute.
Les jeunes de 12 ans qui avaient regardé le plus de messages à contenu sexuel à la télévision avaient adopté des comportements sexuels semblables à ceux des jeunes plus âgés de deux ou trois ans de plus qu’eux.

Les enfants et les adolescents particulièrement touchés par l’hypersexualisation de la société 

Puisque les jeunes et les adolescents-es sont dans une période de construction de leur identité, ils et elles sont particulièrement touchés-es par le phénomène de l’hypersexualisation.
À un âge où les jeunes se questionnent sur leur apparence, leur orientation sexuelle, leur sexualité, ils et elles deviennent alors plus sensibles aux modèles que leur offre le monde des adultes. Or, ce monde les incite à jouer la carte de la sexualité pour se valoriser et obtenir du pouvoir.
Les petites filles sont ciblées de plus en plus tôt par les compagnies de marketing. On leur propose des poupées Barbie avec un string comme sous-vêtement et on commence déjà à leur vendre du baume à lèvres, du maquillage, des vêtements sexy.
Adolescentes, leurs idoles et magazines pour filles les invitent à utiliser leur apparence physique et la sexualité pour plaire et être reconnues par leurs pairs. On leur apprend ainsi à se définir et à se valoriser à travers le regard des autres.
Les garçons et les adolescents sont aussi touchés par les messages que la société leur envoie mais de façon fort différente. Leurs idoles, chanteurs populaires, héros de jeux vidéo et de films sont présentés comme des êtres libres, forts et robustes, totalement indépendants, ayant un pouvoir dans la relation amoureuse, obsédés par les femmes et le sexe, violents et colériques, puis insensibles.
À cause de l’explosion des sites Internet pornographiques, plusieurs feront leur éducation
sexuelle par le biais de la pornographie. Celle-ci deviendra leur principale référence en matière de sexualité.
Les jeunes intègrent les images pornographiques de façon différente des adultes. Ils y apprendront ce qu’ils considèrent être la vérité sur ce à quoi ils doivent ressembler, comment ils doivent se comporter, ce que les femmes souhaitent et comment les hommes peuvent les satisfaire. Ce qu’ils verront deviendra leurs modèles sexuels.

Les conséquences de l’hypersexualisation 

Les jeunes filles ainsi que les adolescentes subissent quotidiennement les pressions des médias et de leur entourage. Le message qui leur est transmis est clair : elles doivent être belles, sexy et disponibles sexuellement. Plusieurs sont ainsi amenées à croire que leur seul pouvoir réside dans leur apparence, et elles feront des efforts quotidiens pour accéder à ce modèle de femme physiquement parfaite et sexy.
En misant sur le paraître, les jeunes filles deviennent dépendantes de l’appréciation des autres et, par le fait même, fort vulnérables. De plus, l’imposition de standards irréalistes par les industries de la beauté, de la publicité et des médias risque d’entraîner pour plusieurs d’entre elles une insatisfaction face à leur apparence ainsi qu’une baisse de leur estime de soi. De telles conséquences peuvent être à l’origine d’autres effets négatifs dont la hausse du sentiment de honte et de l’anxiété, la diminution de l’acuité mentale, la dépression.
Cette survalorisation de l’apparence et de la séduction comme mode de rapport à l’autre comporte aussi des risques pour la santé physique des jeunes filles dont les troubles alimentaires, l’utilisation récurrente de régimes amaigrissants dès le plus jeune âge, la consommation de drogue et d’alcool, le tabagisme, le recours aux chirurgies esthétiques, les relations sexuelles précoces à risque, les troubles d’ordre sexuel, incluant la perte du désir, ainsi que le cortège de problèmes liés à la contraception, aux infections transmises sexuellement et aux interruptions de grossesse.
Selon une recherche américaine, « les jeunes femmes qui ont une forte tendance à définir la féminité principalement par l’image corporelle des femmes ont moins tendance à exprimer leurs désirs personnels lors de relations sexuelles. Conséquemment, elles expriment moins leur souhait d’être sexuellement satisfaites, leur refus d’une relation sexuelle non désirée, et elles insistent moins pour se protéger d’une grossesse et des infections transmises sexuellement et par le sang. »
Elles pourraient ainsi participer à certaines pratiques sexuelles, non pas parce qu’elles le désirent réellement, mais pour répondre aux demandes des autres, pour être acceptées ou être dans la norme.

Conséquences de l’hypersexualisation pour les filles 

• La probabilité que les filles aient une piètre estime de soi augmente lorsqu’il y a précocité sexuelle
• L’insatisfaction face à leur image corporelle amène de nombreuses filles à souhaiter modifier leur apparence et à perdre du poid
• Certaines font face à des troubles de l’alimentation
• L’exposition à du contenu sexuel à répétition entraîne une plus grande adhésion aux stéréotypes sexuels et sexistes
• La quantité de contenu sexuel observée dans les médias influence la précocité sexuelle des jeunes filles
• La promotion d’une sexualité sans risque pourrait expliquer l’augmentation des infections transmises sexuellement chez les jeunes
• La précocité sexuelle augmente la probabilité de subir de la violence psychologique, physique ou sexuelle
• Des filles ont des relations et pratiques sexuelles qu’elles ne souhaitent pas vraiment
« 67% des filles qui ont eu leur première relation sexuelle à 13 ans ou moins ont connu un épisode de violence dans le cadre de leur relation amoureuse. »

Conséquences de l’hypersexualisation pour les garçons 

• L’exposition à du contenu sexuel à répétition entraîne une plus grande adhésion aux stéréotypes sexuels et sexistes
• Les garçons affirment être insatisfaits de leur image corporelle, quoique dans une moindre mesure que chez les filles
• Les garçons souhaitent augmenter leur masse musculaire et prendre du poids, contrairement aux filles qui souhaitent en perdre
• La quantité de contenu sexuel observée dans les médias influence la précocité sexuelle
• La précocité sexuelle entraîne une augmentation du nombre de partenaires sexuels
• La promotion d’une sexualité sans risque pourrait expliquer l’augmentation des infections transmises sexuellement chez les jeunes
• La violence dans les relations amoureuses est plus fréquente

La pornographie et l’hypersexualisation de la société 

Notre époque, plus que toute autre, est marquée par une expansion phénoménale de la pornographie : diffusion quotidienne de films à la télévision, vedettariat des acteurs et actrices de la porno, télé-réalités pour devenir acteur-trice porno, multiplication des sites Internet.
L’industrie de la pornographie, qui a profité de l’arrivée d’Internet pour prendre de l’expansion, a un chiffre d’affaires mondial estimé à 100 milliards par année.
Or la pornographie est profondément sexiste et dominatrice.
Elle fait la promotion du viol, de la soumission aux désirs masculins et d’une sexualité mécanique, centrée sur l’éjaculation, donc le plaisir viril. La pornographie représente une sexualité exploitée qui renforce ou crée une inégalité. Elle laisse entendre que la douleur et l’humiliation soient un plaisir.
L’essence de la pornographie réside dans l’inégalité des partenaires mis en scène.
La pornographie contemporaine n’est pas seulement misogyne, elle est aussi profondément raciste. Alors que la très grande majorité des stars de la porno sont de jeunes femmes blanches, les femmes de couleur sont reléguées dans les bas-fonds de la hiérarchie pornographique. À titre d’exemple, les Noires sont couramment présentées dans des scènes où elles sont dominées et exploitées par des Blancs. Elles sont aussi dépeintes comme plus salopes et putains, méritant plus d’abus que les Blanches.
Malgré le caractère néfaste de ces messages, jeunes comme adultes sont exposés au quotidien aux codes et aux mœurs mis en scène par la pornographie.
Les images issues de cette industrie sont maintenant présentes dans les magazines, les vidéoclips ainsi que sur les panneaux publicitaires dans les abribus, les salles de toilettes ou sur le bord des autoroutes.
Une telle exposition à la culture pornographique contribue à l’hypersexualisation de la société. Elle est devenue tellement présente qu’elle apparaît normale, voire banale. On ne la remarque plus, on ne la voit plus. Pourtant, la pornographie influence nos perceptions du quotidien, de la vie, de la sexualité et de nos rapports entre les hommes et les femmes.
La pornographie n’aiguise pas l’appétit sexuel des hommes : elle les détourne de la réalité.

Conséquences de l’exposition des jeunes à la pornographie et dans leurs relations amoureuses :

• Développent une image génitale et irréaliste de la sexualité
• Pensent qu’ils-elles doivent tout faire
• Ressentent le besoin de s’instrumentaliser pour être des masters du sexe
• Risquent d’être anxieux-ses
• Croient que tout est possible, souhaitable et acceptable
• Pensent que ces comportements sont la norme
• Se montrent prêts-es à tout essayer, ou prétendent l’être
• Ont des relations sexuelles précoces
• S’interrogent sur leur identité
• Intériorisent certains mythes
• Se conforment aux messages véhiculés dans la pornographie
• Veulent expérimenter les comportements vus
• Adoptent des comportements déviants ou compulsifs
• Adoptent des comportements sexuels non sécuritaires.
Chez les filles :
• Ont l’impression de ne pas être à la hauteur
• Pensent ne pas pouvoir demander ce qu’elles veulent
• Ont des préoccupations obsessives par rapport à leur corps
• Pensent qu’elles doivent offrir ce qui est dans la pornographie pour garder leur partenaire
• Se demandent comment attirer l’attention des garçons
et la retenir
• Peuvent devenir dépendantes affectives
Chez les garçons :
• Ont l’impression de ne pas savoir comment se comporter avec les filles
• Ne se sentent pas à la hauteur
• Pensent qu’ils doivent susciter autant de plaisir et d’enthousiasme chez les filles que dans la pornographie
• Sont déstabilisés par les filles et se sentent inférieurs
• Peuvent adhérer à la vision stéréotypée de la sexualité masculine (au chapitre de la fréquence des relations sexuelles, du nombre de partenaires, de la pénétration, etc.)
• S’interrogent sur les relations sexuelles et éprouvent de l’inquiétude
• Peuvent croire que leurs désirs sexuels sont incontrôlables et qu’il leur revient de proposer les relations sexuelles
• Deviennent accro à la pornographie et finissent par ne plus vouloir avoir de relations sexuelles dites normales.

L’hypersexualisation de la société banalise les violences sexuelles commises à l’encontre des enfants 

Agresser sexuellement, c’est imposer des attitudes, des paroles, des gestes à connotation sexuelle sans le consentement ou contre la volonté de la personne en utilisant le chantage, l’intimidation, la manipulation, la menace, les privilèges, les récompenses, la violence physique, psychologique ou verbale.
Particulièrement, agresser sexuellement un enfant c’est le manipuler, le faire adhérer à des croyances dont il n’est pas en mesure de se départir, utiliser sa confiance, son autorité contre lui.
Les agressions sexuelles peuvent entraîner de graves conséquences physiques, psychologiques et affectives.
Pourtant, les messages véhiculés dans l’espace public sont profondément sexistes, banalisent la violence sexuelle envers les filles et les femmes et en font même souvent la promotion. Les magazines, les vidéos, les calendriers, les publicités sexualisées,
la pornographie accentuent quotidiennement le message que le corps des filles et des femmes peut être utilisé, exploité, voire agressé.
La société véhicule, par l’intermédiaire des médias et de la
pornographie, des attitudes encourageant le mépris et la violence envers les femmes plus qu’envers les hommes.
Ces messages brouillent les repères concernant les agressions sexuelles. Des agresseurs se sentent validés dans leur comportement, alors que des victimes d’agression sexuelle ont de la difficulté à se percevoir comme telles, ne se sentant ni appuyées ni soutenues à la suite de l’agression.
Dans la pornographie, le non initial de la femme se transforme en un oui tonitruant.
L’hypersexualisation, présente dans les rapports sociaux, entraîne un glissement dans l’interprétation de la notion du consentement. La plupart des séries télévisées, des films, des publicités ainsi que l’ensemble de la pornographie incitent les garçons et les hommes à croire que les femmes sont automatiquement consentantes à des relations sexuelles et, qui plus est, à des activités sexuelles de toutes sortes. Plusieurs d’entre eux ne prendront pas la peine de vérifier si leur partenaire est réellement consentante.
De l’autre côté, on invite constamment les femmes à être en mode sexuel et à performer pour répondre aux besoins et fantasmes des hommes, sans égard à leurs propres besoins ou désirs, pour ne pas être taxées de coincées ou de prudes. Pour conserver leur ami-e de coeur ou pour être admises parmi un groupe, certaines filles pourraient participer aux activités sexuelles proposées, de peur d’être rejetées si elles refusent. Dans un tel contexte, une activité sexuelle peut difficilement être assimilée à un réel consentement.
Témoignage de Claudia 16 ans : « Quand j’ai rencontré mon chum, je n’avais jamais sucé de gars de ma vie. Après quelques mois, il m’a convaincue que si je l’aimais vraiment, je ne ferais pas de caprice et je n’hésiterais pas à lui faire ce petit plaisir. Comme je l’aimais et que je ne voulais pas qu’il aille voir ailleurs, je lui ai dit que j’étais enfin prête à essayer de le faire au moins une fois. Par la suite, mon chum me forçait à lui faire des pipes même lorsque ça ne me tentait pas. En réalité, je n’aimais pas vraiment ça. Des fois, ça
lui arrivait même de baisser son pantalon et de prendre ma main pour la diriger sur son pénis. Je n’avais pas le choix. »
De plus, la pornographie est utilisée par les violeurs d’enfants pour les sidérer, les choquer, les mettre sous terreur. Elle participe pleinement des agressions sexuelles et des viols qu’ils-elles subissent des pédocriminels.
Face à l’ampleur du phénomène de l’hypersexualisation, il est important d’ agir, individuellement ou collectivement. Cette intervention peut être faite localement, chez soi et autour de soi.
Lutter contre l’hypersexualisation est possible.

Comment lutter activement contre l’hypersexualisation de la société ? 

La réponse proposée par le Guide pratique d’information et d’action sur l’hypersexualisation d’où sont tirés l’ensemble des extraits précédents et élaboré par le Groupement Québécois CALACS Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, tient en 4 mots : s’informer, sensibiliser, changer et agir !

A vous d’agir : 

Ressources complémentaires :
Outils de Y des Femmes
– L’ouvrage Et si on parlait de sexe à nos ados de I. Nisand et autres et en particulier le chapitre consacré à la pornographie
– Les capsules vidéos sur l’hypersexualisation réalisées par Y des Femmes :
Capsule 1 –  la socialisation sexiste :
Capsule 2 – La sexualisation de la société

Capsule 3 – La pornographisation de la société

Capsule 4 – Le rôle que peut jouer le parent face à l’hypersexualisation

Ressources complémentaires :
– un site pour les jeunes pour les outiller face à l’hypersexualisation
– Le livre Tu peux d’Elise Gravel téléchargeable gratuitement
Qu’est-ce que l’hypersexualisation de l’enfant ?
Comment se construisent la pudeur et l’intimité chez l’enfant ?

Pourquoi les concours de mini-miss sont nocifs au développement de l’enfant ?

– l’affiche de la Fédération Wallonie-Bruxelles contre l’hypersexualisation :

Conseils complémentaires pour intervenir auprès des jeunes, de son ou ses enfants : 

Comme adulte, on peut se sentir inconfortable face à certaines attitudes, certains comportements ou certains commentaires des jeunes. Il est souvent difficile de répondre adéquatement à leurs questions et de réagir efficacement dans certaines situations.
Malgré ces difficultés, il est primordial de rester à l’écoute de leurs préoccupations et de ne pas rompre le fil de la communication.

Alors voici trois conseils simples pour accompagner les jeunes :

Prendre le temps de leur parler :

• S’asseoir avec nos jeunes, prendre le temps de les écouter, de leur parler, de répondre à leurs questions pour atténuer leurs inquiétudes.
• Être honnêtes avec eux. Ne pas avoir peur de leur parler, de leur dire ce que l’on pense,ce qui nous inquiète ou encore de discuter avec eux de nos valeurs et de nos attentes à leur égard.
• Saisir les occasions qui se présentent, tels le visionnement d’un vidéoclip ou d’une émission de télévision, pour demander leur impression,ce qu’ils et elles retiennent du message véhiculé et aborder le phénomène de l’hypersexualisation.
• Discuter avec eux des relations entre les hommes et les femmes. Mettre l’accent sur le sentiment amoureux, l’intimité, les rapports de couple.
• Leur donner, par nos attitudes et actions, des repères significatifs concernant l’amour dans un couple, l’intimité, les rapports égalitaires entre les hommes et les femmes.

Oser leur parler de sexualité : 

• Nommer les parties du corps, expliquer les différences anatomiques entre les garçons et les filles
• Expliquer ce qu’est la pudeur, l’intimité, les parties intimes du corps
• Expliquer ce qu’est le sentiment amoureux, comment on fait les bébés, le respect de l’autre dans la relation amoureuse
• Discuter de sexualité, du désir et de l’impact du phénomène de l’hypersexualisation sur eux et leur entourage. Le fait d’en parler leur permet de développer leur jugement, leur sens des responsabilités ainsi que leur capacité de discernement.
• Ne pas hésiter à se documenter et à chercher de l’information sur la façon d’aborder le sujet de la sexualité avec les jeunes plutôt que d’éviter d’en parler.
• Parler aux jeunes de plaisir, de sensualité et d’érotisme. Cela peut être une belle façon de les accompagner dans leurs expériences en lien avec la sexualité.
• Parler aux jeunes de relations amoureuses et de peines d’amour, de communication avec leur chum ou blonde, de relations égalitaires.
• Parler ouvertement de l’homosexualité pour déconstruire les préjugés peut favoriser l’acceptation de l’orientation sexuelle d’un-e adolescent-e et favoriser l’acceptation et la légitimité des diverses orientations sexuelles.
• Aider les jeunes à cibler leurs propres limites en ce qui concerne les pratiques sexuelles afin de mieux se respecter et respecter les autres.
• Sensibiliser les jeunes à adopter des pratiques sexuelles sécuritaires.
• Créer une boîte à contraception où ils pourront découvrir les différents moyens de contraception

Miser sur leur estime de soi :

• Leur dire et leur montrer que vous croyez en eux, en elle, en lui
• Leur dire que vous leur faites confiance, que vous avez confiance en elle, en lui
• Leur dire qu’ils sont importants, qu’elle est importante, qu’il est important
• Miser sur la valorisation des jeunes. Sur le plan de la sexualité, une bonne estime de soi conduit les jeunes à faire des choix plus éclairés concernant leurs comportements sexuels, l’utilisation de moyens de contraception et l’adoption de pratiques sexuelles égalitaires.
• Développer leur esprit critique plutôt que de les culpabiliser sur leurs comportements inadéquats. Il est préférable de se servir de ce que présentent les médias plutôt que de tout vouloir censurer.
• Impliquer les jeunes dans des projets stimulants où ils et elles auront un rôle actif à jouer afin de se sentir valorisés.
• Discuter avec eux de l’importance du respect et de l’amour-propre, ce qui aura comme conséquence directe d’augmenter leur estime de soi.
• Aider les jeunes à accepter leur image corporelle et leur faire comprendre que celle-ci subit différentes transformations au moment de l’adolescence.
• Les aider à développer leur esprit critique face aux images présentées dans les médias.
• Explorer la notion du consentement avec les jeunes ainsi que le respect de leurs limites.

Ressources complémentaires utilisables :

L’estime de soi selon Danielle Laporte

– L’ouvrage Que savoir de la sexualité de mon enfant ? de Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau

– Pour apprendre aux tous-petits à connaître leurs corps : Le corps, coll. L’Imagerie des bébés et l’ouvrage Le corps de chez Mango Jeunesse

 
– Les ouvrages sur la sexualité de Jocelyne Robert
– Le site ABC Phimosis ainsi que le livre « Ce que ma mère n’aurait jamais pu m’expliquer, ce que mon père aurait du me dire » à destination des garçons de 13 à 25 ans pour les aider en cas de phimosis, d’adhérences de leur prépuce, pour les rassurer avec le fonctionnement de leur pénis et pour leur permettre d’aborder leur première fois simplement et dans le respect de l’autre
– L’ouvrage sur la sexualité des adolescents d’Antje Helms Est-ce que ça arrive à tout le monde ?
– le site Onsexprime.fr conçu par le Ministère de la santé français à destination des jeunes :
– le site Choisirsacontraception.fr conçu par le Ministère de la santé français à destination des jeunes :
Autres ressources :