La fessée : première violence sexuelle chez les mineurs

Lorsque l’on s’interroge sur les moyens de prévenir les violences sexuelles notamment exercées à l’encontre des enfants, on ne peut pas fermer les yeux sur une pratique éducative que tolèrent malheureusement encore beaucoup trop de français : la fessée.

La fessée consiste à administrer, avec la main ou un instrument, un coup sur les fesses d’un enfant, mineur de moins de 18 ans.

Or, si bien souvent le parent ou la personne qui l’administre justifie « c’était mérité« , « ça n’est arrivé qu’une fois » ou encore « ça ne l’a pas tué », pour autant, il convient d’admettre, que la fessée est l’une des premières violences à laquelle est confrontée un enfant.
Si rien ne justifie jamais la violence, rien ne justifie encore moins la violence sexuelle.
Or, la fessée possède une caractéristique que tout le monde lui nie : il s’agit d’une violence sexuelle.
Pourquoi ? Car elle vise l’une des parties sexuelles du corps de l’enfant : ses fesses.
Or, son corps lui appartient et bien plus encore ses parties sexuelles et intimes.
Aussi en plus du fait que l’ONU, l’OMS et le Conseil de l’Europe condamnent fermement la fessée et que la prévention des violences sexuelles passe nécessairement par l’interdiction de la fessée, il convient de ne plus nier ce qu’elle est vraiment : une agression sexuelle envers un enfant.
Nous rappelons que l’agression sexuelle telle que définit par l’article 222-22 code pénal désigne toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise.
L’atteinte sexuelle est le fait de toucher les parties sexuelles du corps de quelqu’un sans son consentement c’est-à-dire avec violence, contrainte, menace ou surprise.
Qu’est-ce donc qu’une fessée si ce n’est le fait de frapper les fesses d’un enfant, c’est-à-dire de toucher les fesses d’un enfant avec violence ? Donc de l’agresser sexuellement ?
Ainsi, en France, lorsqu’une personne majeure reçoit un coup de la part d’une autre personne sur ses fesses, il s’agit là d’une agression sexuelle. Lorsqu’un majeur donne une fessée à un autre majeur alors que ce dernier ne l’a pas souhaitée, il s’agit d’une agression sexuelle. Même la menace d’une fessée, qualifiée d’acte humiliant, sur un majeur est condamnée sur les fondements de harcèlement et d’agression sexuels !
Alors, pourquoi n’en est-il pas ainsi pour un enfant ? Pourquoi les français n’ont-ils pas conscience de cela ? Pourquoi ne se révoltent-ils pas face à cet acte d’agression sur une personne plus que vulnérable ?
D’abord, parce que la terminologie elle-même employée pour désigner cette agression n’est pas adaptée. On parle d’une tape, d’une fessée, de violence ordinaire, de châtiment corporel, de violence éducative. Et, la fessée dans l’imaginaire collectif renvoie à une pratique sexuelle. Pourtant, bien souvent, elle est utilisée aussi dans les stratégies des agresseurs pour humilier, avilir et menacer.
Ensuite, parce que la France est marquée par une idéologie éducative admise par beaucoup : la pédagogie noire telle que la définit Alice Miller. Les parents ont tout pouvoir sur leur enfant, comme si ce dernier leur appartenait. Un sondage IFOP de 2015 montre d’ailleurs que 70% des français sont contre l’interdiction de la fessée. Pourquoi ? Car sinon, peut-être devraient-ils admettre qu’ils ont eu de mauvais parents ?
Environ 850.000 nouveaux nés naissent chaque année en France.
Plus de 400.000 vont recevoir des punitions corporelles fréquentes dont 200.000 des punitions violentes – références ici.
On rappelle aussi que 154 000 mineurs sont violés chaque année. références ici.
Quid du nombre d’agressions sexuelles ?
Enfin, parce que l’expression « autorité parentale » telle que précisée dans notre code civil à l’article 371-1 non seulement est précédé d’un article 371 disposant que « l’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses père et mère » mais en plus désigne d’abord les « droits » des parents sur leur enfant au lieu de désigner leur « devoirs ». L’enfant est donc légalement considéré comme un inférieur du fait de son âge ; son intérêt passe après.
Comment ne pas être révolté par cette situation sociale, légale et cet euphémisme terminologique ?
Alors que l’on sait depuis plusieurs année maintenant que lorsqu’un enfant, mineur de moins de 18 ans, est élevé dans la bienveillance, il fait et fera le bien ; car il porte en lui, par essence le bien; plusieurs études scientifiques en psychologie infantile en attestent.
Pourquoi encore trop souvent, les parents confondent les cris de leurs enfants, seule expression possible de ses besoins et de ses émotions, avec une pseudo colère de ces derniers ? Comment encore de nos jours, pouvons-nous considérer qu’un bébé de 10 mois fait un caprice ? Est en colère ? Et mérite une fessée ? Alors même qu’il ne dispose même pas des moyens pour exprimer ce dont il a besoin ? Comment penser qu’une fessée donnée dans un super marché devant le rayon des bonbons ait un quelconque effet éducatif positif ?
Allons encore plus loin, pourquoi un adulte qui frappe les fesses d’un enfant ne subit-il pas la même peine qu’un adulte qui frappe les fesses d’un adulte ?
Pourquoi faut-il que la fessée donnée à un enfant soit d’un très haut degré de violence pour être condamnée ?
Voir sur ce point :
– la fessée dans les violences conjugales – des maris condamnés : arrêts du 18 septembre 2007 et du 15 février 2012 
– les fessées données à coups de martinet sur les fesses nues d’enfant de 9 ans – un grand père condamné pour violences aggravées, arrêt du  18 novembre 2015
– Marina, 8 ans, tuée par ses parents moins d’un an après une audition par les gendarmes pour suspicion de maltraitance : « Son audition par les gendarmes qui a duré de 15h18 à 16h02 a révélé une enfant qui affirmait ne pas être victime de gens qui lui aurait fait du mal, sinon elle l’aurait dit, qui avait une explication circonstanciée pour chaque cicatrice relevée par l’expert, sauf la lésion du doigt trop ancienne pour qu’elle s’en souvienne et la cicatrice au genou, qui indiquait seulement que ses frères et sa soeur la tapaient lors de chamailleries et que sa mère leur donnait des claques et fessées avec les mains quand ils n’étaient pas obéissants ; que le gendarme rédacteur qui a vu la famille à ses deux résidences successives, a conclu ainsi l’enquête : « Concernant la famille X…, nous avons pu constater, que ce soit sur la commune de St Denis d’Orques ou de Coulans sur Gée, que leurs habitations étaient bien tenues et propres. Les enfants nous ont paru en bonne santé, polis et ne manquer de rien. De l’enquête effectuée, il (ne) ressort aucun élément susceptible de présumer que Marina X…a été ou est victime de maltraitance » – arrêt du 8 octobre 2014.
Pour changer et prévenir les violences sexuelles, la seule solution est donc d’admettre ce que jusque là, personne ne souhaitait admettre : la fessée est une violence sexuelle envers tout enfant.
La fessée administrée à un enfant est une agression sexuelle. 
La fessée administrée à un enfant doit être qualifiée pénalement d’agression sexuelle.  
Les fesses d’un enfant appartiennent au corps de l’enfant. Son corps lui appartient. 
Aucune personne n’a le droit de toucher d’une quelconque manière qu’il soit les fesses d’un enfant. La caresse est aussi une agression sexuelle. 
Pour aller plus loin sur le sujet, nous recommandons :
Les dangers sexuels de la fessée – étude détaillée des conséquences dévastatrices de la fessée sur les enfants.
10 raisons d’interdire la fessée par le Dr Salmona
Pourquoi abolir les punitions corporelles par l’Association Ni fessées ni tapes
Des livres pour élever les enfants sans violence
La discipline positive ou comment devenir bienveillant avec son enfant au quotidien
Les conseils d’Edwige Antier pour élever vos enfants de 0 à 18 ans sans fessée, pédiatre engagée contre la fessée
Pour un développement complet de l’enfant – rapport de la Commission enfance et adolescence produit à la demande du premier ministre et qui recommande l’interdiction des châtiments corporels et de la fessée – septembre 2015.
– Un magistrat contre la fessée – pourquoi la fessée doit-elle être interdite ? Revoir la question des limites, article tiré du blog de Michel Huyette.
Violences sexuelles, châtiments corporels : en France, les enfants ne sont pas assez protégés selon l’Unicef, article 20Minutes.fr du 9 juin 2015.
Rapport 2015 de l’Unicef sur la situation de l’enfant en France.
– Le blog d’Olivier Maurel – écrivain contre la violence ordinaire.
Quand nos législateurs sont incapables de s’entendre pour interdire la fessée – Assemblée nationale, séance du 19 mai 2014
Enquête IFOP de mars 2015 – Les français et l’interdiction des châtiments corporels envers les enfants : les 18 à 24 ans à 43% favorables à l’interdiction.