« J’ai été circoncis à l’âge de 4 ou 5 ans et je garde un souvenir précis de l’avant, celui des sensations agréables et d’une grande douceur au toucher du prépuce.
Mon prépuce était serré et il était impossible de décalotter, ce qui inquiétait beaucoup ma mère qui m’a emmené consulter le médecin. Après quelques séances de décalottage forcédouloureuses, le médecin a dit qu’on devait m’opérer d’un phimosis et donc réaliser une circoncision. Bien entendu, je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait signifier exactement ni des conséquences qui en découleraient. Mes parents en étaient tout aussi ignorants et pensaient qu’il s’agissait simplement de l’ablation d’une peau, sans conséquences particulières. Devant mes interrogations sur ce qu’on allait me faire et sur l’aspect qu’aurait ensuite mon pénis, ils m’avaient proposé de profiter de la pause pipi à l’école pour regarder le pénis d’un camarade dont ils savaient qu’il avait eu droit à ce traitement. J’ai suivi leur conseil et cela ne m’a pas éclairé, mais j’ai compris que je devrais me contenter de ça. C’est donc plutôt inquiet que je suis arrivé au rendez-vous pour l’opération.
Avant la circoncision et en quelque sorte en compensation, mes parents avaient promis de m’offrir un petit cadeau de mon choix. Dans la vitrine d’un magasin de jouets, j’avais repéré des petits cyclistes en plastique peints de couleurs chatoyantes.
Je me souviens de l’opération, endormi avec un masque, et du rêve que j’ai fait pendant l’anesthésie : sur un fond rouge-orangé très lumineux, je vois les petits cyclistes. Je les trouve beaux. D’un seul coup, ils s’animent et se mettent à pédaler à toute vitesse.
Puis ce fut le retour à la maison, enroulé dans une couverture pour ne pas prendre froid. Mes parents ont tenu leur promesse et j’ai eu deux ou trois petits personnages en plastique assis sur leur vélo. Ma mère m’avait fait porter une serviette de bain autour de la taille comme un pagne pour éviter le contact trop sensible du gland avec les tissus des vêtements. Ça ne me plaisait pas car ça faisait comme une jupe. Cependant, le contact du gland avec la serviette occasionné par les mouvements de la marche était douloureux et je devais donc adopter une démarche antalgique particulière pour m’éviter cette pénible sensation.
Un membre de ma famille m’avait demandé de lui montrer ce qu’on m’avait fait. J’avais honte et refusais, mais devant son insistance je me suis exécuté. J’ai détesté ce moment et me suis senti particulièrement humilié.
Puis ce fut le retour à la clinique pour faire enlever les points de suture, j’avais très peur d’avoir mal malgré les paroles rassurantes de mes parents et de l’infirmière.
Ensuite, j’imagine que j’ai dû faire avec ce nouveau moi et mes souvenirs sont devenus plus vagues.
Plus tard, à l’adolescence et avec la découverte de la masturbation, j’ai compris l’intérêt d’utiliser une crème hydratante pour cette activité, le coulissage de la peau étant assez limité en l’absence de prépuce. Le passage de la main sur le gland en érection est impossible car douloureux. Je n’acceptais pas ce pénis transformé et je craignais que cet aspect que je trouvais laid fasse fuir d’éventuelles partenaires. Une de mes belles-sœurs auprès de qui j’avais exprimé mes appréhensions m’avait affirmé que les femmes trouvaient les pénis circoncis très beaux. J’avais apprécié son empathie, mais ne l’avais pas crue.
J’ai longtemps gardé de la rancœur envers mes parents et de la colère d’avoir été opéré, d’autant plus que j’avais appris que, dans une grande majorité des cas, ces phimosis sont physiologiques et ne nécessitent donc pas d’intervention. Cela m’a rendu « militant » anticirconcision très tôt et j’ai toujours dénoncé autour de moi ce qui semblait à mes yeux un acte brutal et inutile.
Cela ne m’a pas empêché de mener une vie sexuelle satisfaisante pendant longtemps. L’altération de la sensibilité du gland et une certaine difficulté à parvenir à l’orgasme s’installant peu à peu, je me suis informé davantage. Sur des sites anti circoncision américains, j’ai découvert que l’on pouvait réaliser une restauration du prépuce et améliorer ainsi ses capacités sensitives. Je l’ai donc entamée de manière irrégulière, mais suffisante pour constater, lorsque je suis régulier, une certaine amélioration de la sensibilité du gland, et cela m’encourage à continuer encore aujourd’hui.
Parfois, les vêtements procurent des sensations d’inconfort, comme pour toutes les personnes circoncises je suppose, la friction du gland contre les tissus est désagréable et il arrive aussi que le méat reste légèrement collé au tissu et procure aussi de l’inconfort avec une sensation de brûlure. La restauration du prépuce est également un moyen de pallier ce problème. Remonter la peau restante au-dessus du gland et la faire tenir grâce à un sparadrap permet de me sentir à l’aise et protégé comme dans une maison. J’imagine que c’est ce que ressentent, sans s’en rendre compte, les personnes dont le pénis n’est pas circoncis.
Un phénomène particulier cependant ne s’est pas amélioré. Au moment de l’orgasme, il m’est arrivé de ressentir au niveau du gland, une douleur telle que je suis obligé soit de me retirer soit d’obliger ma partenaire à cesser tout mouvement. C’est évidemment très désagréable et ne me permet pas de profiter de ce moment de plénitude.
J’étais persuadé que cela pouvait arriver à tous les hommes. J’ai été extrêmement surpris en lisant un article du Professeur McGrath, anatomiste néo-zélandais, de comprendre qu’il n’en était rien et que seuls les hommes circoncis sont concernés par ce trouble. En effet, le prépuce permet, grâce à un système nerveux particulier, d’inhiber cette douleur chez les hommes non circoncis qui peuvent ainsi terminer agréablement le rapport sexuel.
Il serait intéressant de savoir si les personnes ayant réalisé une restauration du prépuce ne ressentent plus ce phénomène très inconfortable. Ce serait une bonne nouvelle, mais je crains qu’il n’en soit rien. La restauration du prépuce donne certes la possibilité de couvrir à nouveau confortablement le gland lorsque le pénis est au repos, mais ne permet de retrouver ni le réseau nerveux sophistiqué, ni les tissus à la structure particulière (peau à l’extérieur et muqueuse à l’intérieur) du prépuce d’origine.
Peut-être les travaux de recherche menés actuellement par des scientifiques italiens sur la régénérescence des cellules du prépuce permettront-ils un jour de retrouver un prépuce proche par ses qualités de celui qui a été enlevé ? »
Voici le témoignage d’Alain publié par l’Association Droit au Corps. Il aide à comprendre que le décalottage des garçons n’est pas un geste nécessaire ni non plus la circoncision lorsqu’un garçon ne parvient pas à se décalotter.
Bien souvent les mamans se posent la question de savoir si le pénis de leur garçon est « normal » à savoir s’il se décalotte. Or, cette question qui revient sans cesse est notamment liée à une absence de communication éclairante dans les médias et la société sur l’anatomie du pénis du garçon. En effet, tous les enfants naissent avec un prépuce collé au gland afin qu’il le protège et ce n’est qu’en grandissant que progressivement cette partie de peau pourra se replier. Décalotter son garçon est donc un geste intrusif, douloureux et qui ne devrait plus être.
Sur le site spécialisé Phimosis ABC, on trouve des explications simples pour accompagner les mamans dans l’hygiène intime du garçon.
« Mon fils a un phimosis depuis sa naissance. Il a 2,5 ans maintenant il est trop petit pour se décalotter tout seul et moi je ne lui ai jamais fait. Mon médecin m’a dit que la seule possibilité était l’intervention chirurgicale mais aujourd’hui j’ai vu sa remplaçante.
Elle m’a donné une autre version que avec une crème j arriverais à le décalotter et que la
chirurgie n’avait pas lieu d’être. Mais comment puis je faire cette manipulation avec douceur pour ne pas lui faire mal ? Il a un sexe plutôt conséquent et son gland est assez gros et l’espace est assez petit. Merci pour votre aide!
Réponse de Phimosis ABC :
Bonjour Cindy
Une première parenthèse : la nature met des dispositifs naturels pour préserver, protéger un organisme :
Plusieurs organes sont en double, parfois des doubles sécurités :
2 yeux, 2 poumons, 2 oreilles…
Mais pour protéger le système urinaire des germes dus aux selles par exemple, chez la fille, il y a les grandes lèvres, et les petites lèvres.
On constate que dès que l’on dépasse le vagin, la longueur des petites lèvres double pour
avoir une double protection depuis le début de l’urètre jusqu’au clitoris.
Chez le garçon, c’est la même chose, il possède un prépuce , mais il y a également une
extrémité resserrée (le phimosis) qui empêche que le gland ne se découvre et mette en
contact le méat urinaire masculin avec ses selles.
Le phimosis constitue la double protection, il est normal et est présent chez tous les bébés. Un phimosis n’est donc pas une anomalie ni un accident ! C’est un dispositif de sécurité mis en place par la nature pour protéger le système urinaire.
Maintenant, voici comment grandit sexuellement un garçon.
Avoir un phimosis à la naissance est normal, 98% des garçons ont cela.
À 4 ans seulement 50 % des petits garçons savent décalotter.
A 16 ans 13 % ont des difficultés à décalotter.
A 18 ans 10 % ont des difficultés à des degrés divers pour décalotter, cela va de la légère
gêne pour décalotter en érection (se sentir serré) à une impossibilité de décalotter au repos.
Pourtant, tous ces jeunes sont NORMAUX.
Tant que ces jeunes urinent normalement, il n’y à pas d’urgences !
Une posthectomie (circoncision) est un acte grave qui a des conséquences importantes
Il y a des conséquences sur la sexualité future de moins bonne qualité, mais également
des séquelles psychologiques graves avec notamment une perte de confiance envers les
parents.
Tout jeune, le garçon a comme réflexe s’il est nu, d’étirer son prépuce vers l’extérieur du
corps. Ce faisant (c’est un geste agréable) il décolle les adhérences préputiales, le prépuce va acquérir plus de mobilité en décollant petit à petit le prépuce du gland. Tu peux favoriser ces gestes en le laissant dormir sans pantalon de pyjama. Cela dure jusque 13 ans a peu près.
Avec l’adolescence sous la montée hormonale, la concentration en hormones sexuels dans le sang. Il va avoir plus envie de se caresser. Les masturbations ont une action positive sur leur confiance en eux, une meilleure connaissance de leur corps mais c’est aussi, la mise en route progressive de la fonction
sexuelle.
Seulement 6 % des jeunes se refusent des masturbations principalement pour des raisons de culpabilité, d’interdiction ou d’éducation trop stricte où le sexe est tabou. Ils évolueront plus lentement et moins harmonieusement.
Après avoir vécu une « pollution nocturne » (émission de sperme spontanée durant le sommeil, en fait ‘est le trop plein du canal éjaculatoire), il souhaitera comprendre ce qui lui est arrivé, et se manipulera, se masturbera pour essayer de reproduire ce phénomène qu’est l’éjaculation et la bouffée de plaisir qui l’accompagne.
Les gestes qu’il va devoir reproduire, pour obtenir le réflexe de l’éjaculation est dans le
sens d’une contraction du prépuce vers le ventre , et là on se retrouve exactement dans les exercices de dilatation du prépuce qui mène à un décalottage.
Il y a aussi le désir de penser à une partenaire qui donne envie de faire passer son gland
« à travers le prépuce ».
C’est cela le développement normal, sans interventions d’adultes,sans traumatismes, sans prépuce abîmé et sans complications.
Il y a des explications du Dr Winckler ici pour les bébés :
http://www.droitaucorps.com/decalottage-phimosis-bebe-prepuce
Il y a des explications du Dr Beaugé ici pour les adolescents:
http://www.droitaucorps.com/phimosis-decalottage-garcon-adolescent
En cas de complications, toutes les méthodes douces, respectueuses de l’intégrité sexuelle
sont développées dans cette brochure.
Un phimosis se soigne par la nature : masturbations / relations sexuelles.
Un phimosis se soigne par l’éducation du prépuce par exercices de kinésithérapie.
Un phimosis se soigne avec des crèmes à base de corticoïde.
Un phimosis se soigne avec des kits de dilatation que l’on trouve sur internet.
Un phimosis se soigne par des méthodes combinées, par exemple dilatateur + crème
ou kinésithérapie + crème.
A 13 ans, il y a déjà des demandes de jeunes pour apprendre toute les méthodes pour résorber leur phimosis discrètement « en cachette de leur parents » parce qu’ils souhaitent eux mêmes « être aux commandes de leur futur sexuel », et ne souhaitent pas se voir imposer une circoncision.
Le phimosis de l’enfant ou du jeune est un problème de sexologie et d’éducation sexuelle où la médecine n’a que très rarement de la légitimité. »